Mangaverse à Angoulême


FIBD 2009

Cette année, les changements n'étaient pas nombreux au Festival International de la Bande Dessinée en dehors de la disparition du Manga Building et d'une nouvelle entrée principale pour le Monde des bulles. On ne révolutionne pas une formule qui marche, n'est-ce pas ? L'occasion était ainsi donnée de découvrir de nouvelles activités alors qu'elles existent depuis quelques temps, comme les concerts illustrés ou tout simplement la cérémonie d'ouverture.

 

L'édition 2011, tour d'horizon

FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011

Fini le petit chapiteau triangulaire rouge en entrée de la bulle principale du Champ de Mars (que l'on pouvait retrouver Place New-York). Le nouvel accès à la terre sacrée des amateurs de bande dessinée grand public était tout en plastique blanc et transparent, ce qui lui donnait de suite un peu plus de cachet. La bulle secondaire était toujours la même et la différence de luminosité entre les deux espaces était encore plus frappante, surtout que les stands Soleil et Panini continuaient à aimer le noir et les ambiances sombres.

Les chais Magélis composent avec le bâtiment Castro (ex-CNBDI), situé de l'autre côté de la Charente, la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image. Ce nouveau pôle continue à prendre de l'importance, notamment en se développant en direction de la jeunesse, à la différence de l'Espace Franquin qui a retrouvé une certaine quiétude après trois années de Manga Building. À l'inverse, le Conservatoire accueillait des conférences en plus des habituelles rencontres avec des auteurs et des rencontres dessinées. Les lointains et toujours aussi peu engageants Ateliers Magélis répondaient présents une nouvelle fois. Les Halles feraient un superbe espace d'accueil pour diverses activités bédéphiles à commencer par proposer un espace plus important à la para-BD, mais elles se contentaient uniquement de servir de support mural à des kakemonos géants.

 

FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011

Depuis son rachat par le groupe Média Participations, Dupuis est de retour à Angoulême, ce qui permet depuis quelques années de voir un peu partout en ville le chapeau de groom de Spirou. Cette année, le sac fourni aux clients était plutôt réussi et a donné des envies à une certaine mangaversienne. Glénat était là avec son supermarché de la BD proposant surtout ses titres se vendant le mieux et non pas ceux méritant une mise en avant. On retrouvait le même état d'esprit d'opportunisme commercial chez Casterman où l'étagère Sakka ne proposait aucun titre de sa collection dédiée au manga mais uniquement les deux manhua d'auteurs hongkongais présents au festival (et donc disponibles pour des dédicaces) ainsi que du Taniguchi en veux-tu, en voilà. Dans la bulle secondaire du Monde des éditeurs, Soleil proposait toujours son habituelle ambiance boîte de nuit mais sans mettre une musique assourdissante, histoire de ne pas tuer ses auteurs en batterie, pardon, en dédicace, dès le premier jour.

La Bulle New-York qui accueille traditionnellement les éditeurs « alternatifs » calmait immédiatement les ardeurs des amateurs exigeants avec une grève sur le stand de l'Association qui faisait, comme d'habitude, face à l'entrée principale. Pourtant, l'effet passait vite, notamment parce que, juste derrière, le Flams Fonds voor de Letteren était revenu avec son stand recréant une ambiance chaleureuse et boisée grâce à son « Café BD Chez les Flamands » proposant de nombreux ouvrages de bande dessinée flamande, certains étant même disponibles en français.

La Chine était présente par le biais du stand offert aux auteurs de la revue Special Comix qui avait gagné le prix de la bande dessinée alternative l'année dernière mais aussi par les Éditions Fei qui ont encore réussi leur coup cette année entre expositions (une sur le Juge Bao et l'autre sur YaYa), présentation du programme 2011 à l'occasion d'un petit déjeuner presse et stand connaissant un succès public indéniable. L'éditeur a vendu 1 200 exemplaires des quatre ouvrages qu'il a publié (tomes 1 à 3 de Juge Bao et tome 1 de La Balade de Yaya), soit le double de l'année dernière où il avait réussi l'exploit de vendre 600 exemplaires du tome 1 de Juge Bao. On comprend mieux pourquoi le festival est la plus grande librairie BD de France pendant quatre jours. Par contre, il n'y avait pas Xiao Pan, Patrick Abry expliquant que ça n'était pas rentable pour eux d'être présents et qu'il préférait privilégier les conventions mangas.

 

FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011

Le festival d'Angoulême, c'est aussi (et surtout pour certains) les dédicaces. Si vous étiez intéressés par un petit dessin de Juanjo Guarnido, l'auteur de la série à succès Blacksad, il fallait être prêt à attendre quelques heures et être équipé d'un petit siège pliable. Cependant, comme chaque année, de nombreux auteurs étaient plus accessibles car moins grand public. L'espace Hong Kong de Mangasie avait organisé quelques plages horaires de dédicaces, ce qui a permis à l'une d'entre nous de rencontrer Ahko, le créateur de Pourquoi j'veux manger mon chien publié chez Casterman dans de bien meilleures conditions que sur le stand de l'éditeur belge.

Dans la Bulle New-York, surtout le dimanche matin, il est possible de prendre tout son temps et de discuter longuement avec certains auteurs, comme ça a été le cas avec José Roosevelt, l'auteur de la formidable Table de Vénus. Spécialisé dans la bande dessinée surréaliste mélangeant réflexion, onirisme, personnages humains réalistes ou zoomorphes mais aussi animaux anthropomorphes, il est intarissable sur Howard the duck et sur les histoires de Donald réalisées par Carl Barks.

Même sans réelle actualité, Vanyda était présente cette année, à ma plus grande joie (on est fan ou on ne l'est pas) et elle était tout à fait accessible sur le stand de la Boîte à bulle. Dommage que j'ai déjà les trois tomes de L'Immeuble d'en face de dédicacé. Mais cela était sans grande importance puisque je ne venais pas la retrouver pour cela...

 

Les tables rondes, rencontres et conférences
 
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011

Un des intérêts du festival est la possibilité d'écouter des spécialistes, des auteurs et des éditeurs parler de bandes dessinées. Qu'ils soient invités à l'occasion d'une émission radio (Le Mouv' ou France Inter), qu'ils participent à une table ronde (et elles sont nombreuses) ou au nec le plus ultra, à une Rencontre Internationale, voire à l'occasion de la cérémonie d'ouverture ou d'une présentation du programme 2011 des Éditions Fei, c'est toujours un plaisir d'entendre parler « petits mickey » avec enthousiasme et/ou érudition et, ce, dans de nombreuses langues (français, mandarin, anglais, japonais, cantonais, etc.) même si la traduction n'est pas toujours de qualité.

C'est ainsi qu'il a été possible d'entendre Charlie Adlard parler de Walking Dead à plusieurs reprises. Il était un des principaux invités du festival et il n'a pas hésité à s'investir, même si son emploi du temps surchargé l'a obligé à quitter avant la fin les deux tables rondes auxquelles nous avons pu assister. Outre son anglais agréablement compréhensible, il était accompagné d'un excellent interprète qui n'oubliait pas la moitié des informations durant ce difficile exercice qu'est la traduction.

C'est intéressant mais ça se mérite : le studio du Théâtre est au troisième étage (sans pouvoir utiliser l'ascenseur et chaque étage est bien haut de plafond). S'y rendre pour assister aux tables rondes qui y étaient organisées permettait de faire son sport de la journée. Idem avec la salle Némo, surtout qu'il n'est plus possible de passer par le haut du bâtiment Castro car il est monopolisé par un nouveau restaurant (dommage car c'était un de nos points de chute les années précédentes pour un déjeuner rapide lorsque nous étions pressés). Monter, descendre, on n'arrête pas à Angoulême, qu'on se le dise !

Concernant le Conservatoire, avec une salle bien trop grande et une autre minuscule, il y a eu malheureusement parfois un soucis d'adéquation entre l'activité proposée et le public intéressé, ce qui n'est pas sans rappeler le Manga Building certaines années. C'est ainsi que nous avons été amené à rebrousser chemin car une des conférences données par Paul Gravett se déroulait dans une petite salle saturée de public alors que la veille, nous avions pu assister à la rencontre avec les auteurs du Special Comix primé en 2010 dans un auditorium quasi désert avec moins d'une douzaine de spectateurs clairsemés dans une salle pouvant en contenir plusieurs centaines.

 

Les expositions
 
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011

L'un des autres aspects du festival les plus motivants est la possibilité de voir de nombreuses expositions. Contrairement à une première impression, elles n'ont pas été réellement moins nombreuses cette année. Le programme papier distribué en masse les agence différemment et met plus à l'écart celles dont le festival n'est pas directement responsable. Ainsi, petite illustration de la "guéguerre" que se livrent 9e Art+ (l'organisateur du FIBD) et la CIBDI, le programme de la seconde se retrouve regroupé sur une double page et donc exclu des pages présentant les expositions et du Heure par heure si indispensable pour organiser sa journée.

Malheureusement, ayant sous-estimé le temps nécessaire pour bien voir certaines expositions et ayant un peu oublié que le temps passe très (trop) vite, il a été impossible de voir DLDDLT de Baru ainsi que la Petite histoire des colonies françaises. Par contre, l'exposition Génération spontanée, la nouvelle bande dessinée belge francophone s'est révélée être tout à fait réussie même si elle avait un peu de mal à tenir dans la salle Iribe de l'Espace Franquin, un peu petite pour contenir autant de panneaux.

Les trois autres expositions que nous avons pu faire (plus ou moins bien étant donné le manque de temps) se situaient du côté de Magélis (chais et ateliers). L'exposition extérieure Snoopy & les Peanuts by Schulz, héritière de celles sur les Schtroumpfs (2008), Boule et Bill (2009) et les Tuniques Bleues (2010), n'était plus placée en face de l'Hôtel de ville mais sur le parvis des chais dans le nouvel espace jeunesse qui y a été développé. Difficile de s'attarder sur les nombreux panneaux alors qu'un froid frigorifique balayait constamment les lieux. Cela nous a permis de replonger dans des lectures datant souvent de l'enfance. Pour ma part, c'est assez tardivement que je me suis intéressé à l'œuvre de Schulz, préférant le travail d'autres cartoonists comme Bill Watterson, Jim Davis, Berke Breathed, etc.

L'exposition Kaléidoscope, une histoire de la bande dessinée de Hong Kong a été une très bonne surprise. Certes, les lieux étaient austères et peu accessibles, la scénographie limitée et il fallait ouvrir tous les tiroirs des différents caissons mobiles, mais le contenu était au rendez-vous. Il s'agissait d'un excellent complément à la conférence donnée sur le thème de la BD hongkongaise et permettait de mieux voir les différents types d'ouvrages qui ont été proposés au fil des décennies aux habitants de la RAS de Hong Kong.

Enfin, le morceau principal était composé, comme l'année dernière, par la nouvelle exposition organisée par la Cité. Parodies, la bande dessinée au second degré a été ouverte le 4 janvier pour fermer le 24 avril 2011. Plus de 200 dessins, planches originales ou reproductions nous ont permis de faire le tour des différentes formes que la parodie peut prendre dans le médium. De ce fait, il fallait bien compter deux bonnes heures pour tout regarder consciencieusement, y compris la petite pièce dévolue aux détournements érotiques ou pornographiques de certaines œuvres célèbres. Un essai rédigé par le commissaire de l'exposition, Thierry Groensteen, a été publié chez Flammarion à cette occasion. Si le rédactionnel est de grande qualité, il est regrettable que moins d'une cinquantaine d'images viennent illustrer le propos.

 

Les spectacles
 
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011
FIBD 2011

Depuis quelques années, le festival propose de nombreux concerts proposant à la fois de la musique et des dessins. Que ça soit avec les concerts de dessins où sur un scénario original (de Charles Berberian cette année) et une musique spécialement composée par l'habituel Areski Belkacem, une dizaine de dessinateurs créent une bande dessinée avec un contrepoint musical, ou avec les concerts illustrés où un dessinateur illustre en direct les chansons d'un concert, le 9ème rencontre le 4ème art depuis plusieurs années à Angoulême. Cette année, nous avons assisté à la représentation de Fatoumata Diawara illustrée par Clément Oubrerie, le dessinateur de la série Aya de Yopugon. Devant une salle pleine, la comédienne et chanteuse malienne a su nous faire vibrer et même danser à un moment sous les encouragements de Marguerite Abouet, la scénariste d'Aya venue effectuer quelques pas de danse sur scène. Ses chansons aux sujets parfois légers mais souvent graves (la guerre, la dictature, l'excision, etc.) et en prise directe avec la réalité africaine témoignent de sa volonté de voir les choses changer. Un des moments forts du festival en ce qui me concerne et une expérience à renouveler.

Herbv

 

Le Fauve © Lewis Trondheim / 9ème Art+
Crédits photos : Herbv, Manuka et Taliesin

Retour