Mangaverse à Angoulême


FIBD 2009

Une des principales nouveautés de l'édition 2011 du festival était la disparition du Manga Building et la réintégration du manga dans la bulle des éditeurs grands publics (Le Monde des bulles) sur le Champ de Mars. Avec cette nouvelle organisation, la bande dessinée asiatique connaissait un recul de 6 ans. En effet, il faut remonter à 2005 pour retrouver une telle configuration avec l'Espace Manga/Manwha géré par défunt magazine Le Virus Manga... sauf qu'à l'époque, l'espace était agencé de façon beaucoup plus fonctionnelle. Si Erwan Le Verger, le responsable de l'espace Mangasie, était éloquent, notamment sur la Web-TV du festival, la délégation de Mangaverse n'a pas réussie à être aussi enthousiaste même si, au premier abord, et en souvenir de la place donnée au manga en 2006 (qui était confiné au fond de la bulle New-York), la première impression était plutôt favorable. Avec ses tons noirs, l'espace tranchait bien avec le reste de la bulle et avait un certain cachet. Malheureusement, son impraticabilité dès qu'il y avait un peu de monde et un éclairage insuffisant, presque déprimant, sans oublier l'absence de sièges devant la scène, empêchent de considérer cette première édition comme une réussite.

 

L'espace Mangasie

Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011

La bonne surprise a été l'exposition bien moins pauvre et plus intéressante que prévue. On était très loin de celles qui étaient organisées depuis trois ans dans la salle Iribe du Manga Building mais le pire était à craindre étant donné le faible espace dont les organisateurs disposaient. Certes, elle donnait l'impression d'avoir été réalisée à l'économie avec de simples reproductions réalisées sur des kakemonos ou des affiches verticales punaisées aux murs. Néanmoins, nous avons pu retrouver une auteure aussi intéressante que Shizuka Nakano, une aussi connue que Junko Mizuno et surtout découvrir des artistes comme Akino Khondo et Mitsu. La partie sur Ax donnait l'impression d'avoir été un peu bâclée, par contre.

 

Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011

En dehors des stands de produits dérivés qui n'avaient rien à faire là (on n'est pas à Japan Expo, les Nekowear & co seraient très bien dans la bulle para-BD), il y avait surtout les représentants des trois principaux lieux de la bande dessinée chinoise : Taïwan, Hong Kong et Pékin. Kurokawa était le seul éditeur généraliste de manga et sa présence se limitait à quelques piles de mangas et un gros tiroir-caisse devant des vendeurs qui avaient parfois l'air de bien s'ennuyer. On aurait pu espérer que l'éditeur en profite pour présenter toute la variété de ses titres et communique sur ses prochaines acquisitions mais les mangas qui étaient proposés se limitaient aux ventes les plus porteuses du moment. De mon point de vue, comme aucun représentant de Kurokawa n'était présent, il s'agissait encore d'un stand qui prenait de la place sans rien proposer de réellement intéressant, à part aider à financer l'espace Mangasie. Heureusement qu'il y avait les alternatifs avec IMHO, mal placé, et Le Lézard Noir pour être en adéquation avec le lieu et permettre d'avoir des échanges avec les festivaliers.

L'agencement des allées, toutes en cul-de-sac, créait de grandes difficultés de circulation dès qu'il y avait un peu de monde, encore plus lorsqu'une table ronde ou une animation avait lieu. Rajoutez à cela une ou deux dédicaces au même moment et on ne pouvait qu'avoir envie de fuir l'endroit. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait le samedi et le dimanche, surtout que le programme proposé n'était pas très motivant. Il ne reste plus qu'à espérer que l'ensemble de l'espace sera repensé et surtout que plus de moyens, à la fois en surface et en budget, seront attribués pour une meilleure édition 2012. Il faudrait peut-être relocaliser les tables rondes et les rencontres à l'Espace Franquin, comme cela a été le cas pour les projections, et remettre au programme des conférences qui apportent une réelle plus-value aux festivaliers.

 

Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011

Le programme de Mangasie était assez bien fourni (sauf le dimanche) mais assez peu motivant à cause de thématiques usées. Si le manga underground ou alternatif, le terme changeant continuellement, a été traité en 2005 à Angoulême sous l'angle du gekiga avec la présence de Yoshihiro Tatsumi et en 2006 avec venue de la rédactrice en chef du magazine Ax, il y avait au moins un rapport direct avec l'exposition et les deux principaux stands mangas. Dommage qu'Alexandre Bodecot n'ait pas été présent pour Vegetal Shuppan, il aurait été parfaitement à sa place avec Benoît Maurer (IMHO) et Stéphane Duval (Le Lézard Noir). Et que dire du thème « BD et manga » qui a été vu et revu tous les ans depuis 2005 avec des invités autrement plus attrayants ? Il s'agissait peut-être de maintenir une certaine tradition et, après tout, cela permettait à de nouveaux auteurs francophones de se présenter. Les tables rondes « Sexe et manga » ainsi que « Violence et manga », malgré leur sujet d'une banalité affligeante, avaient pour elles de ne pas avoir été organisée lors du festival jusqu'ici.

De nombreuses démonstrations de dessin étaient données durant les quatre jours, principalement par des hongkongais. Il faut dire qu'ils étaient venus en nombre. Malheureusement, l'exercice n'était pas très passionnant, ni très vivant et un peu répétitif du fait du nombre de séances programmées. Au moins, le dessinateur exerçait devant un petit public intéressé, même si, dans le cas de Craig Au Yeung Ying-chai, il était difficile de comprendre ce que l'auteur, un vieux routier du cross-media et designer d'origine en plus de créer des manhua, voulait exprimer.

 

Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011
Mangasie 2011

L'attrait, souvent ridicule, du festival et des médias pour les « vedettes » du grand et petit écran s'était concrétisé jusqu'à Mangasie avec la présence d'une présentatrice de MCM surtout connue pour une autre facette de sa vie professionnelle. La table ronde « Sexe et manga » a été envahie par de nombreux photographes et caméramans principalement parce que Katsuni était une des participantes en tant que présentatrice de l'émission Les mangas sexy de Katsuni. Heureusement qu'elle a rapidement montré qu'elle avait sa place sur la scène, qu'elle a été immédiatement acceptée par les autres participants (on pouvait s'inquiéter de la réaction de Dominique Véret qui déteste la vulgarité). Elle a su s'exprimer avec aisance et permettre quelques parallèles intéressants entre l'industrie du film pornographique et le manga. Nous avons aussi retenu les interventions sérieuses et éclairantes de Virginie Sabatier (représentant la revue Manga 10 000 images des Éditions H pour son article sur le sexe dans certains types de shôjo manga) et de Xavier Guilbert (auteur de nombreux articles sur les mangas pour du9.org) et surtout les envolées de Dominique Véret, d'Akata et directeur de la collection manga de Delcourt, égal à lui-même (ahhh... le tantrisme, la prostituée sacrée dans sa fonction d'initiatrice, etc.). Une conférence plaisante à suivre malgré des conditions déplorables entre absence de sièges, bousculades permanentes lorsqu'on était placé sur les côtés, et exiguïté.

Herbv

 

Le Fauve © Lewis Trondheim / 9ème Art+
Crédits photos : Herbv et Taliesin

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