Vous pouvez trouver ici la retranscription (réalisée par Taliesin) de la conférence Vertigo et le texte de la conférence sur Rumiko Takahashi donnée par Herbv au Conservatoire.

 

Conférence Vertigo

FIBD 2015La conférence Vertigo était animée par Xavier Lancel, rédacteur en chef de l’excellent fanzine Scarce. Celui-ci est tout d’abord revenu sur toute l'histoire de Vertigo, du début à aujourd'hui, en brassant de nombreux thèmes. Il a présenté les débuts du label, en expliquant que les séries emblématiques telles que Swamp Thing ou Doom Patrol étaient à l’origine des séries DC. À la même époque, Karen Berger travaillait dans l'univers DC et s'occupait surtout des séries avec des personnages principaux étranges voire magiques. Elle a donc emmené avec elle les séries qu’elle suivait lorsque DC a voulu étendre son horizon vers l'autre côté de l'Atlantique en quête de nouveaux talents afin de redynamiser ses comic books. On peut imaginer (même si Lancel n’a pas trop insisté sur ce point) qu’il fallait surtout trouver des auteurs écrivant dans un style proche d’Alan Moore qui avait cartonné avec Watchmen, et de Frank Miller avec Batman: The Dark Knight Returns. Karen Berger ramène alors de Grande Bretagne Neil Gaiman, Peter Milligan et Grant Morrison.

Lancel s'est aussi attardé sur l'objet comic book, c’est-à-dire le format fascicule ainsi que les recueils reliés (trade paperback), ainsi que sur l'environnement des années 1990 avec la crise des super-héros chez Marvel et DC. Il a ensuite rappelé le succès de Vertigo grâce aux TPB placés directement en librairie et non pas en magasin spécialisé. Il a aussi attiré notre attention sur la stratégie des prix Vertigo : le premier TPB coûtant souvent 9.99$ alors que les suivants étaient plus chers. Lancel a fait aussi remarquer que sur les fascicules, il y a une marge à gauche où on trouve les logos DC et Vertigo, précisant ainsi qu'il s'agit d'un contenu pour adulte. Le design des couvertures donne donc une cohérence à cette ligne éditoriale, et le graphisme des couvertures, de même que l'intérieur, donne aussi une identité : plus brute, moins jolie mais surtout dans un style « punkisant ». Les histoires sont noires, violentes, parfois difficiles à suivre, mais créant bien une identité commune.

Si les débuts de Vertigo sont plutôt littéraires, ce n'est plus le cas, selon le conférencier, depuis la sortie de deux séries à succès : Fables et Y the Last Man (et n’oublions pas 100 Bullets). On passe d'une écriture littéraire, avec beaucoup d'introspection (Hellblazer par exemple) à quelque chose de plus dans un style série télé US, avec de nombreux dialogues. Précisons que ce constat doit être nuancé dans la mesure où, déjà, dans Preacher, on a une écriture beaucoup plus aérée, avec moins de cases, et plus simple à lire. Même si pour le coup, le côté trash et punk est bel et bien présent. Même The Invisibles de Grand Morrison est moins dans le littéraire, bien que restant difficile à appréhender, la narration étant plus dynamique et spectaculaire que sur les séries de la même époque.

Lancel s'est également attardé sur deux séries emblématiques de l'univers Vertigo : John Constantine / Hellblazer et The Books Of Magic. En effet, on retrouve les deux personnages de ces séries assez souvent dans l'univers Vertigo. Hellblazer est publié pratiquement dès les premières années de Vertigo jusqu'en 2013, où John Constantine rejoint l'univers DC suite au départ de Karen Berger. Mais ceci est moins vrai pour The Books Of Magic, dont le succès reste mitigé, et où le personnage de Timothy Hunter se trouve dans la série régulière (75 numéros) mais revient dans la mini-série The Names of Magic. Il y a aussi les séries Hunter: The Age of Magic et Books of Magic: Life During Wartime en 2005, marquant la dernière apparition du personnage. Mais Tim Hunter ne rencontre pas son public (comme on dit), alors que Vertigo n'attendait que ça. Car, quelques années après la création de Tim Hunter au début des années 1990, un autre personnage apparaît et fait un carton : Harry Potter. En 2005, en pleine Pottermania, Vertigo essaye donc de relancer le personnage. Mais cela ne fonctionne toujours pas. Une chose que Lancel n'a pas dite, c'est que Tim Hunter a été créé par Neil Gaiman dans une mini-série. La série régulière, elle, est confiée à John Ney Rieber, avec Neil Gaiman en tant que consultant.

Lancel a présenté ensuite une partie de Vertigo moins connue des fans. Car au sein de Vertigo, il y a différentes collections, mais aucune d'elle n’a décollé réellement. Il y a même la ligne Minx, destinée à un public féminin. Apparemment, il y a eu de bons titres dedans. DC Focus avait l'air aussi bien étrange. Dans cette partie, le conférencier a aussi parlé de l'erreur de stratégie sur la série Hard Time qui est repassée ensuite en DC normal et qui s'est plantée. Il a également évoqué le fait que Disney a aussi essayé de créer des comics avec Touchstone, à la même époque que les débuts de Vertigo. Mais ça n'a jamais décollé et les séries ont intégré Vertigo : on y trouve Enigma de Milligan (bientôt en français chez Urban Comics) et Mercy de JM DeMatteis.

Enfin, l'avenir de Vertigo a été abordé, notamment après le départ de Karen Berger. En effet, nous n’y trouvons désormais plus que les séries creater owned. Celles-ci ont une histoire qui n'est pas intégrée dans l'univers DC (comme Fables et Preacher) avec une équipe fixe (il n'y a pas de changement comme pour Hellblazer) et connaissent une fin. Car les séries liées de loin ou de près à l'univers DC comme Animal Man, Swamp Thing, mais surtout Hellblazer ont rejoint depuis 2013 l'univers DC, notamment après l'événement New 52. Les derniers succès de Vertigo sont Y the Last Man, 100 Bullets et Fables, mais rien n'a réellement fonctionné depuis. De plus, Fables se termine dans quelques mois aux Etats-Unis, de même pour The Unwritten de Mike Carey, qui ne se vend pas autant qu’espéré mais qui bénéficie d'un certain succès critique. L'avenir s'annonce donc assez sombre, et on peut se demander les raisons d’un spin off de 100 Bullets sur le personnage de Lono, ou encore l’arrivée de Dead Boys Detective...

Surtout, les auteurs ne viennent plus cogner à la porte de Vertigo. Ils préfèrent se diriger vers Image où les contrats sont plus intéressants. Enfin, Vertigo intègre la ligne Wild Storm et, d'après Lancel, le label n'a plus vraiment de cohérence ni d'identité. Parmi les nouvelles séries, il n'y a eu aucun succès. D'habitude, Vertigo attend environ six numéros pour voir si le TPB va fonctionner, et il s'avère que ce n'est plus trop le cas. Même l'argument du prix ne joue plus, notamment les 9.99$ psychologiques puisque Image utilise la même pratique. Pourtant, comme Lancel l’a rappelé, Vertigo a eu une grande influence sur le marché comics d'aujourd'hui. Avec le succès de ses TPB, tout le monde, ou presque, s'est mis à écrire de manière à former des arcs, donnant lieu à des TPB, que ce soit dans le comics de super héros ou dans les autres genres.

 

Conférence Rumiko Takahashi, de Lamu à Ranma

L'auteure

FIBD 2015Rumiko Takahashi est née le 10 octobre 1957 à Niigata (capitale de la préfecture de Niigata). Elle a commencé à créer des bandes dessinées durant sa dernière année de lycée (1974-1975), après avoir rejoint le club manga nouvellement créé par une de ses camarades. Elle publie une courte histoire dans le premier numéro de la revue du club. Elle commence en 1976 à étudier l’Histoire à la Nihon joshi daigaku (la principale université privée pour femmes, située à Tokyo) tout en suivant des cours de manga dans l’école Gekiga Sonjuku dirigée par Kozue Koike (Lone Wolf and Cub, Crying Freeman). Elle obtient son diplôme universitaire en 1980 (son mémoire porte sur la période Edo). Durant ces quatre années, elle publie six nouvelles dans la revue du club manga de l’université et trois autres histoires dans le magazine de l’école Gekiga Sonjuku.

Rumiko Takahashi reçoit en 1978 la mention honorable au concours des débutants du Weekly Shônen Sunday avec Kattena yatsura, ce qui lui permet de débuter professionnellement dans la foulée, tout en poursuivant ses études universitaires. La future star du manga avait plus ou moins envisagé de faire carrière dans le manga depuis sa deuxième année de lycée mais ne l’a décidé qu’après avoir réussi le concours du Shônen Sunday.

Combiner études universitaires et école de manga en cours du soir n’était pas un problème car l’école de manga était considérée par Rumiko Takahashi comme une distraction, comme une activité de club. Rappelons qu’au Japon, le rythme à l’université n’est pas soutenu (alors que préparer le concours d’entrée demande énormément de travail), qu’il s’agirait presque de vacances avant de se lancer dans la vie active. Ses parents lui ont déconseillé de devenir mangaka mais ne l’ont pas empêchée de faire carrière, allant même jusqu’à lui prêter l’argent nécessaire pour suivre les cours de l’école Gekiga Sonjuku.

Rumiko Takahashi lisait depuis toute petite les Shônen Sunday de son frère, puis achetait la revue dans sa dernière année de lycée (avec Shônen Magazine, Shônen King, Big Comic Original, etc.), achats qui ne sont pas courant pour une jeune fille. Du coup, Rumiko Takahashi ne sait pas trop créer des shôjo manga même si elle en a lu quand elle était plus jeune. Elle a publié une seule nouvelle dans Petit Comic en 1991, en demandant de l’aide à ses assistantes à l’époque. Elle travaille avec quatre assistantes (deux à ses débuts), toujours des femmes. Rumiko Takahashi refuse la mixité au sein de son studio afin d’éviter tout problème. Elle a vendu plus de 100 000 000 tankôbon, ce qui fait d'elle une multimillionnaire, l’une des femmes les plus riches du Japon.

Bibliographie

Les séries :
Urusei Yatsura, Weekly Shônen Sunday, 1978-1987, 34 tomes ;
Maison Ikkoku, Big Comic Spirit, 1980-1987, 15 tomes ;
Ningyo shirîzu, Weekly Shônen Sunday, 1984-1994, 3 tomes ;
Ranma ½, Weekly Shônen Sunday, 1987-1996, 38 tomes ;
Ichi-Pondo no fukuin, Weekly Young Sunday, 1987-2007, 4 tomes ;
Inu Yasha, Weekly Shônen Sunday, 1996-2008, 56 tomes ;
Rinne, Weekly Shônen Sunday, 2009-en cours, 23 tomes.

Les compilations :
Dust Spot!!, Shônen Sunday Zokan & Sonjuku, 1978-1980, 1 tome ;
Takahashi Rumiko kessaku, Shônen Sunday & divers, 1978-1984, 3 tomes ;
1orW, Shônen Sunday & divers, 1978-1986, 1 tome ;
Takahashi Rumiko gekijô, Big Comic Original, 1987-en cours, 4 tomes.

Les œuvres de Rumiko Takahashi ont été traduites dans de très nombreux pays asiatiques et occidentaux. En francophonie, nous avons Urusei Yatsura – Lamu, Ranma ½, Mermaid Forest qui sont disponibles chez Glénat, Inu Yasha est chez Kana, Rinne (le quinzième tome est sorti en janvier) est publié par KAZÉ Manga. Enfin, Tonkam a édité Maison Ikkoku et les trois premiers tomes des « Big Comic Special » (les Tonkam ne sont plus commercialisés et les stocks restants ont été pilonnés en 2013).

Usurei Yatsura – Lamu

FIBD 2015Des extra-terrestres ont décidé d’envahir la Terre mais donnent une dernière chance aux terriens sous la forme d’un duel entre leur champion et un humain choisi au hasard. Ce sera Ataru Moroboshi, un lycéen, qui sera opposé à Lamu, la fille du chef. Le duel : un jeu du chat et de la souris, Moroboshi doit toucher les cornes de Lamu avant dix jours. Juste avant l’expiration du délai de ce jeu où la souris (qui peut voler) est bien plus habile que le chat (un simple humain), notre « héros » réussit enfin à attraper les cornes de son adversaire et à gagner le duel. La Terre est sauvée ! Mais suite à un quiproquo, Lamu se retrouve « fiancée » à Ataru et décide de rester sur Terre avec son « chéri ». C’est le début d’une longue série d’aventures dont les points communs sont la stupidité de Moroboshi (et de pratiquement tous les personnages) et la jalousie de Lamu.

À l’origine, Urusei Yatsura devait être une série courte en cinq chapitres et Lamu ne devait apparaître qu’au premier (elle est absente du second épisode). Cependant, sa présence manquait trop à Rumiko Takahashi qui l’a fait revenir. Deux chapitres sont parus un peu plus tard. Puis la série a repris définitivement dans l’hebdomadaire et a trouvé son public. Le titre a connu un énorme succès en animé (5 saisons), en film d’animation (5 films), et en différents produits dérivés (dont des jeux vidéo).

Il y a plus d’une dizaine de personnages principaux et une cinquantaine de personnages secondaires à l’importance plus ou moins grande. Cette profusion s’explique par la longueur de la série et par le fait que lorsque Rumiko Takahashi arrivait à cours d’inspiration, elle créait un personnage pour revitaliser l’histoire. Ataru Moroboshi est le personnage central de la série mais il s’est vite fait voler la vedette par Lamu. C’est un dragueur invéterré dont les principaux handicaps sont la stupidité, la fainéantise et la malchance. À l’origine, il devait se marier avec Shinobu, dont il est le (presque) petit ami, mais Rumiko Takahashi a changé d’avis et a préféré une fin plus ouverte, laissant la place à l’imagination des lecteurs.

FIBD 2015Lamu est le personnage principal féminin. Son nom et sa garde-robe sont inspirés par Agnes Lum, une américaine sino-hawaïenne, chanteuse et mannequin connue pour ses nombreuses photos en bikini. Elle représentait à l’époque le glamour idéal pour Rumiko Takahashi. Lamu tombe amoureuse d’Ataru qui l’a battue au jeu du chat et de la souris. C’est une oni (démon de la mythologie japonaise, variante extra-terrestre). Elle est dotée du pouvoir de voler et de lancer des éclairs ainsi que de donner des chocs électriques. C’est une jeune fille très charmante, intelligente, enjouée mais un peu naïve, s’emportant assez vite, très butée et terriblement jalouse.

Shutaro Mendô est le second personnage masculin principal. Il est beau, très riche et semble intelligent. Il devrait être l’opposé d’Ataru, d’ailleurs, les deux deviendront rapidement concurrents, si ce n’était que Shutaro est lui aussi totalement stupide, dans un certain sens. Il est amoureux de Lamu, un amour à sens unique. Shinobu Miyake est l’autre personnage féminin de la série, même si elle souvent en retrait. Elle est mignonne, intelligente et travailleuse. Mais elle est aussi très jalouse et s’emporte vite. Dans ce cas, sa force devient surhumaine et elle a tendance à jeter des bureaux, des meubles ou tout objet (très) lourd à la tête de celui qui est la cause de son ire (généralement Ataru ou Mendô). Il y a d’autres personnages comme Cherry, Sakura (sa fille), Jariten, Ryuunosuke et son père qui font de très nombreuses apparitions.

La série se caractérise par un mélange original entre SF, comédie romantique lycéenne (avec des triangles amoureux), aventure, humour débridé (souvent du slapstick) et mythologie (surtout japonaise et chinoise, mais aussi occidentale à l’occasion). Le rythme du récit est élevé du fait que chaque chapitre représente une courte histoire autoconclusive réalisée en 16 pages. Rumiko Takahashi voulait surprendre ses lecteurs à chaque nouveau chapitre, parfois même à chaque planche, plutôt que faire un récit suivi. On retrouve cette même volonté avec Ranma ½ ou les différentes nouvelles qu’elle publie à la même époque. Les personnages sont mémorables (tout comme dans Ranma ½) : Rumiko Takahashi a suivi l’adage de Kozue Koike pour qui une bande dessinée est portée par ses personnages.

Les sources d’influence ont été diverses : l’écrivain Yasutaka Tsutsui, notamment pour ses comédies, les mangas comiques (Obake no Q-Taro et Osomatsu-kun notamment), Ma sorcière bien aimée (Bewitched, série diffusée au Japon dans les années 1970) et Spider-man (la version dessinée par Sal Buscema était diffusée au Japon à l’époque), sans oublier la mythologie japonaise.

La moyenne d’âge des lecteurs d'Urusei Yatsura est à peu près la même que pour Ranma ½, c’est-à-dire environ 15 ans. Néanmoins, Ranma ½ plaisait plus aux jeunes filles et Urusei Yatsura aux garçons. Rumiko Takahashi veut faire des histoires simples et brillantes pour les jeunes garçons et ne cherche pas à s’adresser à un autre public, même si elle fait une nouvelle tous les ans dans le magazine pour jeunes adultes Big Comic Original. Elle conçoit ses histoires pour un lectorat japonais, c’est pour cela qu’elle les situe dans l’histoire du Japon, reprend le mode de vie japonais et fait référence aux croyances et à la mythologie japonaise. Ainsi, ses histoires sont immédiatement compréhensibles par ses lecteurs car elle n’a pas besoin de faire une mise en contexte et donner des explications sur l’univers mis en place.

Maison Ikkoku et les « Big Comic Special »

Maison Ikkoku est une série romantique réalisée en parallèle à Urusei Yatsura dans un magazine seinen (pour jeunes adultes). Les personnages principaux sont Kyoko Otonashi (une jeune veuve), Yusaku Godai (un étudiant ayant raté son concours d'entrée à l'université) et Shun Mitaka (un riche professeur de tennis). Il y a en tout plus de 15 personnages importants. Le manga se base en partie sur les souvenirs d’étudiante de Rumiko Takahashi, lorsqu’elle logeait dans un minuscule appartement lorsqu’elle était à l’université à Nagano. Elle avait des voisins parfois un peu étranges.

Les « Big Comic Special ». Une fois par an, Rumiko Takahashi réalise une histoire centrée (généralement) autour d’un salaryman et de ses déboires familiaux et/ou professionnels. Parfois, le personnage principal est une mère au foyer ou un des enfants de la famille. Il y a 6 histoires par tome et elles sont toutes d’une très grande qualité.

Ningyo shirîzu (Mermaid Series)

Selon la légende, la chair d’une sirène donne la vie éternelle ! Mais seulement pour ceux dont le « cœur est pur » ! Parce qu’il en a mangé il y a 500 ans, Yûta est devenu immortel. Depuis des siècles, il traverse le Japon à la recherche d’une sirène qui pourra le faire vieillir. Mais elles sont aussi dangereuses que convoitées...

Les personnages principaux sont Yûta et Mana, une jeune fille elle aussi immortelle. Rumiko Takahashi avait la volonté de mettre en scène des villages du passé, de faire ressentir l’atmosphère du Japon médiéval à ses lecteurs. Il s'agit d'une série très sombre, où l’humour est totalement absent et dont les histoires se finissent généralement mal. Un seul tome sur les trois a été traduit en français par Glénat il y a vingt ans de cela. Les autres tomes sont disponibles en anglais, en allemand et en italien. La série est inachevée et Rumiko Takahashi ne s’interdit pas d’y revenir un jour.

Ranma ½

FIBD 2015Rumiko Takahashi voulait avoir une fille comme personnage principal mais cela n’était pas possible dans un magazine shônen. Du coup, elle s’était dit qu’il pourrait être amusant d’avoir un personnage à moitié garçon et à moitié fille et que ça pourrait être intéressant à dessiner. Suite à l’énorme succès de Dragonball, la mode était aux mangas de combats martiaux. Cependant, Rumiko Takahashi voulait que ça soit plus qu’un manga d’action et a particulièrement travaillé ses personnages, qui sont tous plus loufoques les uns que les autres. Les personnages sont presque aussi nombreux que dans Urusei Yatsura, les principaux étant Ramna, Akane, Ryoga, Kuno, Happosai, Sakura et Shampoo.

Rumiko Takahashi créée des bandes dessinées pour les Japonais, pas pour un public international. Ses histoires sont donc ancrées dans l’histoire du Japon, dans la société ou la mythologie japonaise. C’est pour elle un moyen simple de ne pas avoir à tout expliquer, ce qui lui permet d’effectuer une connexion immédiate avec le lecteur.

L'évolution du graphisme, déjà aperçu avec Urusei Yatsura se confirme : les visages deviennent de moins en moins rond au fil des tomes de Ranma ½, l’angle du menton devient plus pointu et l’encrage devient plus fin. Concernant l'écriture, comme pour Urusei Yatsura, Rumiko Takahashi laissait une grande place à l’improvisation et construit son histoire au fil de sa conception, chapitre après chapitre. Cela lui prenait en général deux jours, entre le début de la réflexion et la fin du name (l'ébauche des planches).

Le fan service avec Lamu et Ranma

FIBD 2015Le fan service dans les mangas de Rumiko Takahashi n’est pas très développé, même s’il est plus présent dans Ranma ½, surtout au début de la série. Le fan service consiste pour un auteur à adresser un clin d’œil à l’intention de ses fans. La plupart du temps, cela consiste à ajouter une situation ou une information n’apportant rien au récit et spécifiquement destinée à faire plaisir. Souvent, le fan service est à connotation sexuelle en mettant en scène un ou plusieurs personnages dans une position plus ou moins érotique ou en réalisant certains gros plans.

Si on voit (assez mal) les seins de Lamu dans le tout premier chapitre d’Urusei Yatsura, le fait qu’elle soit presque toujours en bikini devait suffire à Rumiko Takahashi. Concernant Ranma ½, la mangaka a plus joué sur les situations de nudité, notamment en utilisant un certain manque de pudeur de Ranma-fille et en multipliant les scènes de bain, surtout au début de la série. En effet, ce ressort humoristique diminue au fil des tomes, même s’il y a une résurgence avec l’arrivée du personnage de Shampoo.

Il y a aussi du fan service à destination des filles avec une représentation des garçons avec un corps sculptural et d’allure assez sexy, notamment lors des nombreuses scènes de bains liés aux transformations liées à l’eau chaude. On peut d’ailleurs constater (et Rumiko Takahashi l’a fait lors d’un entretien) que les seins de ses héroïnes ne sont jamais très développés, et qu’ils sont même de plus en plus petits au fil des séries. Est-ce une volonté de Rumiko Takahashi ou tout simplement la politique du Shônen Sunday ? Il est certains que les séries issues du magazine n’ont jamais marqué pour leur fan service.

Les dernières séries

FIBD 2015Dans Inu Yasha, l’histoire se passe dans un monde parallèle ressemblant fortement au Japon médiéval de la période Sengoku (milieu du 15e siècle - fin du 16e siècle). Les personnages principaux sont Inu Yasha, Kagome, Sesshomaru et Naraku. Il s'agit d'une classique lutte entre le bien et le mal, ce dernier étant représentait pas un démon particulièrement puissant. Rumiko Takahashi voulait depuis longtemps faire une série d’aventure développée dans la longueur avec peu de gags. Les monstres sont souvent issus du folklore japonais mais une bonne partie sont tout simplement inventés. Pendant la réalisation de la série, Rumiko Takahashi a fait beaucoup de recherches sur les illustrations d’époque.

Dans Rinne nous faisons la connaissance de Sakura Mamiya, une lycéenne qui a connu une expérience étrange dans son enfance. Depuis, elle peut voir les esprits qui errent dans le monde des vivants. Un jour d’école, son voisin de classe, habituellement absent, fait enfin acte de présence. Rapidement, elle se rend compte qu’elle est la seule à pouvoir voir Rinne Rokudô. En effet, celui-ci est une sorte de shinigami, une divinité de la mort, dont la mission est de ramener les âmes récalcitrantes à emprunter la voie de la roue de la réincarnation. Les personnages principaux sont Rinne et Sakura. Il s'agit d'une sorte de retour aux sources avec de courts chapitres auto-conclusifs comme pour Usurei Yatsura et Ramna ½. Il s'agit d'une demi-réussite car Rumiko Takahashi n’a pas retrouvé le rythme échevelé de ses deux séries références et les personnages ne sont pas aussi déjantés. Toutefois, la série reste très plaisante à lire. Pourtant, les ventes sont moyennes au Japon et mauvaises en France.

 

FIBD 2015