Mangaverse à Angoulême


Le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême est un événement devenu incontournable qui propose un très grand nombre d'activités organisées sur le thème de la BD. Depuis quelques années, le manga y a une place particulière. En 2008, les activités relevant du genre étaient regroupées à l'Espace Franquin, rebaptisé à l'occasion en Manga Building. Malgré une (trop ?) grande présence de l'animation avec de nombreuses projections de séries pour la télévision en plus de quelques longs métrages, le programme du Manga Building restait alléchant avec la possibilité de rencontrer quatre auteurs japonais et un coréen. A cela, s'ajoutait deux conférences sur le manga par deux anciens rédacteurs du Virus Manga, une exposition d'importance sur Clamp plus quelques autres nettement plus anecdotiques et divers ateliers et animation dont celle sur la traduction, animée par le directeur de collection de Kurokawa. Bref, une fois de plus, il avait de quoi faire pour Mangaverse, comme nous allons nous efforcer de vous le montrer avec la petite soixantaine de photos présentées ici.

 

Première partie : les rencontres


Le festival d'Angoulême, c'est avant tout la possibilité de faire des rencontres, notamment avec des professionnels de l'édition, qu'ils soient auteurs, éditeurs, journalistes spécialisés, ou autres. A tout honneur, commençons par ce qui était la principale rencontre organisée au Manga Building : celle avec Jirô Taniguchi (Quartier lointain, L'homme qui marche, etc.) et François Schuiten (Cités obscures). Jiro Taniguchi ne pouvant venir à Angoulême, c'est le festival qui est venu à lui grâce à l'organisation d'une visioconférence :

Visionconférence
Il y avait beaucoup de monde à attendre devant la salle Buñuel, signe prometteur du succès public de la visioconférence.
Visionconférence
Une fois entré, on pouvait découvrir le dispositif mis en place pour l'événement. Il faut avouer que c'est assez impressionnant.
Visionconférence
Deux écrans plats permettaient aux premiers rangs de voir autre chose que le dos des intervenants du côté français.
Visionconférence
L'interprétariat était assuré du Japon. Il ne s'agissait pas d'une traduction simultanée, ce qui permettait d'apprécier les paroles de J.Taniguchi.
Visionconférence
Alors qu'on pouvait s'inquiéter à propos du rythme des échanges entre une certaine latence due à la transmission et ...
Visionconférence
... le délai nécessaire à la traduction, il s'est révélé que ça c'est très bien passé de ce côté. Aucun réel problème technique et ...
Visionconférence
... des images d'une qualité tout à fait satisfaisante ont fait de cet événement une réussite technique incontestable.
Visionconférence
Comme souvent, les questions du public ont donné l'occasion aux intervenants d'apporter des informations intéressantes sur leur travail.
Visionconférence
Deux questions ont particulièrement fait rire la salle, une sur un manga lu en scanlation et une sur le vieillissement des auteurs de BD.


L'autre rencontre motivant la plupart des représentants de Mangaverse était celle organisée au CNBDI. "Penser la bande dessinée" consistait entre une discussion entre trois grands théoriciens de la BD : Scott McCloud (L'art invisible), Thierry Groensteen (Système de la bande dessinée, Un objet culturel non identifié, etc.) et Benoît Peeters (Lire la bande dessinée, mais aussi Cités obscures). Il s'agit là d'ouvrages indispensables pour qui cherche à comprendre un peu comment fonctionne la bande dessinée. Les intervenants ont su résumer clairement le fondement de leur réflexion et leur façon de concevoir ce type de littérature. Globalement, il y a l'approche case par case de McCloud et celle plus au niveau de la page de Peeters. J'avoue que ma préférence va à la première.

Rencontres internationales
Même les deux modérateurs avaient un CV impressionnant. Imaginez qu'il faut être universitaire pour simplement passer les slides.
Rencontres internationales
Là aussi, gros succès public puisque la salle Nemo était comble. On avait été surpris par la foule attendant l'ouverture des portes.
Rencontres internationales
Le manga a été brièvement évoqué comme le montre cette planche de Tezuka. Cependant, ce n'était pas la partie la plus intéressante.

À titre plus personnel, cette rencontre internationale a été pour moi l'occasion de rencontrer (une fois de plus) Vanyda qui nous avait rejoint à midi, ce qui nous a permis de voir la couverture finale du tome 1 de Celle que je ne suis pas et de discuter du tome 2 tout en feuilletant le scénario réalisé sous la forme de brouillon. Ça a été aussi la possibilité de parler longuement de manga (notamment de Tezuka et de yaoi) ainsi que de comic avec Jean-Paul Jennequin (auteur d'une Histoire du comic book) et de dire bonjour à Obion en dédicace au bar "La Souris Verte" pour discuter des problèmes rencontrés par l'auteur avec Vilebrequin.

Angoulême, c'est aussi des rencontres plus formelles avec des auteurs qui peuvent avoir des choses tout à fait intéressantes à dire, même lorsqu'on n'est pas fan de leur oeuvres. Cela a été le cas des rencontres avec Yoshio Sawai (Bobobo-Bo Bo-Bobo) et Daisuke Igarashi (Sorcières, Hanashippanashi). Il faut dire les deux entretiens ont été menés de main de maître par un Julien Bastide très en forme même si certains, dans le public, avaient parfois du mal à le suivre lorsqu'il partait dans des délires sur les cheveux et le manga (notamment à propos de l'article de Chronic'art : Le manga rend-il chauve ?). Malheureusement, je n'ai pas pu assister à la rencontre avec Tori Miki, il n'y a plus qu'à espérer que Tanuki nous en parle prochainement dans un de ses compte-rendus.

Y. Sawai
J. Bastide lançant la rencontre avec Y. Sawai, auteur d'une série détonnant fortement dans le paysage manga francophone.
Y. Sawai
Ici, l'animateur part dans une longue digression sur le manga et les poils en tout genre, y compris les cheveux et leur absence.
Y. Sawai
Les questions du public ont été l'occasion d'en apprendre un peu plus sur la politique éditoriale de Sakka grâce à la présence de Sahé Cibot.
Y. Sawai
Une fois les questions du public épuisées (et il y en a eu un certain nombre, car rien qu'avec un fan comme Fo_Cube dans la salle...
Y. Sawai
... on ne risquait pas d'avoir de blanc gênant), l'auteur nous a gratifié d'une performance, démentant ses propos sur son manque de talent.
Y. Sawai
La rencontre a pris une autre tournure avec le public montant sur l'estrade pour voir de plus près l'auteur et demander une dédicace.
D. Igarashi
J. Bastide lançant la rencontre avec D. Igarashi, un auteur très apprécié par MangaVoraces qui a gratifié Sorcières d'un coup de coeur.
D. Igarashi
D. Igarashi est très éloigné de l'idée qu'on se fait des auteurs de bandes dessinées japonaises. Fuyant tout industrialisation du manga...
D. Igarashi
... il n'hésite pas à voyager à travers tout le Japon et à revenir à un mode vie rural afin de trouver matière à s'exprimer à travers ses ouvrages.
D. Igarashi
Félicitons au passage Casterman qui a su faire venir des auteurs intéressants à Angoulême, ne laissant pas seul IMHO avec Tori Miki.
D. Igarashi
Sur la fin, je me suis essayé au 8mm Fish-eye, histoire de "tordre" un peu quelques photos, comme vous pouvez le voir ci-dessus.
D. Igarashi
Il n'y avait pas la foule, comme pour les rencontres précédentes. On était dans les 60-70 personnes alors que la salle peut en contenir 300.

La seule remarque que je puisse faire à propos des rencontres avec les auteurs au Manga Building, c'est que la salle Buñuel était trop grande car avoir trois cent places de disponibles pour n'en remplir qu'une soixantaine (moins encore pour celle avec Kim Dong Hwa, l'auteur de Histoire couleur terre chez Casterman) ne peut que laisser une impression d'échec sur le plan de la fréquentation. Pourtant, avoir une telle audience pour un tel événement est quelque chose de tout à fait correct. Malheureusement, la salle Méliès est, à l'inverse, trop petite avec sa petite cinquantaine de place.

Seconde partie

 

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