A propos de [Détenu 042]

[Fo_cube]

Je me suis fais avoir par le résumé en quatrième de couv, je m'attendais à un seinen bien dark, raté c'est un shojo

Le mec sort de taule et direct il se met à jardiner

[marcy]

Mon seinen Number 1 de cette année
(j'avais meme fait un deux pages sur le titre lors de sa sortie au Japon)

je m'en vais chercher si y'a pas deja un topic dessus
[edit] pas trouvé

Bon ben pour moi c'est un très bon titre a cause du thème (la peine de mort au Japon) et la façon de la traiter, c'est à dire au travers d'un condamné a mort sur qui on met une puce expérimental afin de le réhabiliter à la vie sociale. Bien entendu a moitié cobaye moitié prisonnier mais future homme libre, l'equilibre est pas facile a obtenir et les problemes surgissent d'un peu partout (reaction de la population, evolution du héros, gestion de l'environnement où il vit)
Le tout saupaudré de quelques personnages secondaires ma foi pas trop mal reussi, l'eleve aveugle qui verra le héros pour ce qu'il est, son acompagnatrice et le medecin en charge de l'expérience.

Bon mon avis complet tenait sur deux pages, si j'ai l'occasion de le retrouver je le copierai
dans l'ensemble pour 5 tomes, ce titre se défend très bien et m'a beaucoup touché, je pense pas que ça le sera pour tout le monde, mais ça vaut le coup d'oeil.
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[chopper]

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[marcy]

Ce nâ??est quâ??après cinq volumes de combat acharné contre la peine de mort que se termine Shikeishu 042 (prisonnier 042), un manga de Yua Kotegawa, auteur réputée pour ses Seinen psychologiques tel que Arcana ou Anne Freaks.
A chaque fois elle prend le parti de contrer les règles établies autour des assassins. Plutôt que de les confiner dans le cercle des ennemis à abattre, elle leur donne le rôle principal avec pour seul but de les rendre plus humains aux yeux du lecteur.
Un pari audacieux qui va la mener jusquâ??à la tragique histoire de Shikeishu qui, à la manière de Say Hello to Black Jack, critique ouvertement une grande institution japonaise, à savoir, la peine de mort.

Espoir

Un homme seul dans sa cellule, pied et mains liés, nous fait vivre pendant quelques instants sa condition de condamné à mort, il ne peut bouger, pour manger il doit se traîner par terre, câ??est le prix quâ??il paye pour avoir tuer de sang froid, sept personnes voilà quelques années.
Malgré lâ??atrocité de son acte, on va le choisir pour réaliser une étrange expérience, une puce sera implantée dans son crâne avec pour seule fonction de le tuer si son cerveau sâ??excitait suffisamment pour pouvoir tuer quelquâ??un.
Lâ??envie de retrouver la liberté ferait accepter nâ??importe quel contrat, et câ??est ainsi que Tajima Ryohei va se retrouver homme à tout faire dans un lycée, sous la très haute surveillance de toute une équipe dirigée par le docteur Shiina.
Surnommée Oshini (042 câ??est son numéro de prisonnier) par les autres élèves, il va devoir réapprendre à vivre en société, sans jamais perdre son calme et en faisant face à tout ce quâ??il représenteâ?¦ une solution face à la peine de mort.

Le chemin de la honte

80%, câ??est le pourcentage de japonais favorable à la peine de mort, il sâ??agit du chiffre favorable le plus élevé au monde et pourtant, jamais vous nâ??en entendrez parler.
On sait que le Japon possède un système social qui limite la criminalité (notion de respect, dâ??honneur sur la famille â?¦) de ce fait, les criminels qui sont condamnés à mort sont non seulement rares mais surtout considéré comme des sous-hommes.
Les premières planches de Shikeishu 042 ne sont pas exagérées, elles sont la dure réalité de ces prisonniers qui nâ??ont droit ni au visite, au courrier ou à lâ??exercice (ils sont attachés en permanence), ils ne sont au courant de leur exécution que quelques heures avant. Les condamnées se lèvent chaque matin avec la pensée que ce jour sera peut-être leur dernier, même leurs familles ne sont au courant de rien, ils apprendront sa mort que le lendemain dans le journal où quand les autorités leur demanderont de venir relever le cadavre.
Il faut donc comprendre que le contexte de Shikeishu est passablement difficile, de nombreuses personnes (mêmes politiques) viendront sâ??opposer au projet, les élèves même du lycée ne lâ??accepteront pas. Il sâ??agit dâ??un sujet tabou dont personne nâ??ose parler et que ce manga vient chambouler, prouvant des failles dans le système et le coté inhumain de la peine de mort.

042 â?? Onishi -

Le numéro du héros présente un jeu de mot un peu particulier lié à sa condition, Onishi signifie « mort » en japonais, et malgré le coté «moralisateur du manga, lâ??auteur ne manque jamais de rappeler que notre héros est un ex-tueur (certes avec des circonstances atténuantes) et quâ??il peut mourir a tout instant dâ??une charge émotionnelle trop forte.
Ce nom se rapporte également au fait que Ryohei est le porte parole dâ??un espoir de vie, sâ??il échoue en faisant sauter la puce, alors la peine de mort restera inchangée, il a le pouvoir dâ??abolir la « mort ». Mais ce coté symbolique et surtout la prise de conscience de son rôle ne sera faite que vers le milieu de la série, le début étant réservé à la réinsertion sociale du héros, celui-ci faisant des rencontres et redécouvrant des choses quâ??il croyait perdu à jamais (le ciel notamment).
Shikeishu veut démontrer quâ??il existe un futur possible pour ces condamnés, autre que la mort dont même le chiffre semble les destiner à ce funeste destin, sans jamais exclure le fait quâ??on parle de meurtriers qui méritent une sanction.


Braille et sociabilité
La première personne à parler « normalement » au héros est une jeune fille aveugle, présente dans le lycée depuis deux mois dans le cadre, elle aussi, dâ??une adaptation sociale. Bien évidemment, la jeune fille ignore tout de la condition de notre homme et lui parle librement, ils se trouvent un peu dans le même cas tous les deux, ils doivent fournir des effort dâ??insertion malgré leur handicap (Ryohei nâ??a plus dâ??émotions au début de la série).
Nous avons donc droit à une petite annexe de lâ??histoire sur la condition des aveugles, les difficultés de la vie de tous les jours, la lecture en braille (que le héros va apprendre) et câ??est sur cet échange que doucement lâ??ex-prisonnier va retrouver ses sentiments perdus.
Dans le cadre de lâ??expérience, le Shikeishu nâ??a pas le droit de sortir de lâ??enceinte du lycée (sauf exception), les élèves et professeur sont donc ses seuls contacts, lâ??école étant une microsociété, avec des personnes gentilles mais aussi dâ??autres malveillantes. Elle est le meilleur milieu pour réadapter notre héros.
Au final, même des sentiments comme lâ??amour seront accessible pour Ryohei, mais toujours avec lâ??idée quâ??il nâ??est quâ??une expérience qui peut échouer à tout moment.
Si vous regardez la couverture du manga attentivement, vous remarquerez que le titre y est inscrit en braille.

Politique et débat important

La seconde partie de lâ??histoire est très concentrée sur le coté politique et réelle du problème, lâ??auteur nâ??hésite pas à avancer des hypothèses par rapport à lâ??expérience de Shikeishu 042, à savoir quâ??une réinsertion est possible et que des peines plus douces (voir des conditions dâ??emprisonnement améliorées) devraient être envisagées.
Lâ??opinion générale favorable à la peine de mort est alors mise en avant et tout le débat qui en découle, en clair, le plus gros du problème se trouve dans le regard que porte les japonais sur ceux qui enfreignent les règles. Un meurtrier de la trempe de Ryohei nâ??a plus rien dâ??humain et il nâ??y a aucun désir de le traiter comme tel, ces prisonniers sont justes bon à attendre la mort, pendant des décennies parfois, parquer dans des geôles sans jamais plus revoir personne.
Lâ??histoire ne dit pas si le manga a dérangé les consciences, mais la fin prématurée ainsi que lâ??aboutissement de lâ??histoire, font clairement penser quâ??on a voulu bâillonner le message quâ??exprimait lâ??auteur. Pourtant la fin précipitée fait bien plus réfléchir que tout ce quâ??aurait pu développer Yua Kotegawa dans ce manga, sans fracas, ni révélation, un final dâ??une grande beauté qui rend hommage à la centaine de prisonnier dans les couloirs de la mort au japonais (chiffre présumé)

Heu ... désolée pour les fautes ...
[edit: c'est horrible de se relire un an plus tard]
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[shun]

Pour ma part après avoir lu 2 tomes, je suis un peu déçu, l'idée de base est bonne, mais c'est tourné de manière trop niaise, le coup du jardinage est poussé beaucoup trop loin, même s'il n'a rien vécu durant x années, ses sentiments sont trop exagéré pour qu'on puisse y croire.

Il faut avouer que je m'attendais a autre chose, dû au faites que j'ai connu l'auteur par le titre "anne freak" beaucoup plus violent, mais moins psychologique sur la partie que j'ai lu (2 tomes) que ce dernier. (Marcy faudra que tu m'expliques ou il est psy anne freaks ^^)

dans un même genre Alive ( one shot ) ma beaucoup plus marqué.

Le titre n'est pas mauvais pour autant, mais on pouvait s'attendre à un traitement plus recherché de l'histoire, ce qui rend donc ce titre, seulement sympathique.

Au final, les anciens passeront certainement leur chemin, les nouveaux eux apprécieront ce titre pour ses qualités.

[asakura]

Je viens de lire détenu 042, et je dois dire que j'ai été agréablement surpris étant donné que je n'en avais absolument pas entendu parlé et qu'un ami m'a proposé de me le préter.

Le personne de Tajima Ryohei semble énigmatique et déshumanisé, certe il jardine beaucoup (peut-être trop) mais il n'est finalement qu'un enfant. Après tout il fut arrété et coupé du monde a 14 ans. Shiina est aussi un personnage charismatique et comique (pas compruis pourquoi les gens le prenait pour un yakuza, si c'est juste pour ses cheveux vive la discrimination). Les premiers tômes mettent plutôt l'histoire en place, tandis que les 3 derniers deviennent vraiment prenant surtout le 3 avec le nouveau détenus ultra violent. La psychologie est recherché et a une constante pour le personnage de Tajima qui devient de plus en plus humain.

spoiler
malheureusement la fin n'est pas forcement celle que l'on pourrait espérer puisque le héros est finalement condamné à mort. Une fin bien triste pour se personnage qui ne le méritait pas vraiment tout comme 053 qui n'était pas réellement mauvais.
A mon gout une bonne série en seulement 5 tomes, assez court mais donne l'impression de vraiment suivre les 3 ans d'études.
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Qu'est-ce que le bronzage à part une cuisson pas terminé ?

[kynoo]

C/C de mon avis sur BruitDeBulles :

Ryôhei Tajima, condamné à mort pour homicide, est volontaire pour un programme scientifique pilote qui vise à terme à commuer les sentences capitales en travaux d'intérêt général. L'expérience est conduite en secret dans un lycée, où notre homme officiera désormais comme jardinier.
Pour garantir son assiduité au programme, une puce programmée pour le tuer s'il éprouve des pulsions meurtrières lui est implantée dans le cerveau...

J'ai abordé ce titre avec des attentes tempérées par une très grande méfiance, m'attendant à trouver à chaque page toutes sortes d'incidents "petite culottes".
Il n'en est rien, mais que cela ne vous rassure pas pour autant : Détenu 042 est bien loin de tenir ses promesses.

�trangement pour une histoire potentiellement chargée en thèmes dits de société, l'emphase est uniquement mise sur les relations entre personnages.
Les chapitres, souvent autoconclusifs, relatent des anecdotes qui s'enchaînent sans tisser une trame continue et évacuent très (trop) rapidement les éléments particuliers de ce manga.

Ainsi la tension dramatique induite par la puce implantée dans le cerveau du condamné, pourtant centrale, est rapidement "désamorcée" avec un incident abracadabrant : des lycéens peu encombrés de morale apprennent le danger qui pèse sur le nouveau jardinier et décident de le pousser à bout juste pour rigoler (ah la psychologie... Nous y reviendrons)
Et que font-ils pour parvenir à leurs fins ? Ils viennent le narguer à plusieurs et... saccagent les fleurs qu'il était occupé à repiquer, déclenchant par là même sa colère et un chagrin qui paraissent tout deux bien disproportionnés. Ryôhei s'en sort grâce à un deus ex machina minable et réalise qu'il est crucial pour lui de maîtriser ses émotions.
Cette simple réalisation se transforme presque immédiatement en acquis. De type incapable de contenir ses émotions, le voici promu maître zen.

Au centre de l'histoire, comme je l'ai dit, il n'y a pas la remise en question de la peine de mort ou une critique du système carcéral japonais mais les atermoiements des personnages.
Ã?voluant dans un univers clos, ceux-ci sont peu nombreux.

� tout seigneur tout honneur, Tajima Ryôhei occupe bien entendu le rôle principal et remporte haut la main la palme du personnage le plus inconsistant jamais créé.
Jugez plutôt : incarcéré pour 7 meurtres commis de sang froid au cours de combats clandestins organisés par la mafia (nous n'en saurons pas davantage), ce tueur sanguinaire nous est présenté comme une âme à la sensibilité à fleur de peau n'aspirant qu'à rendre service à son prochain et répandre le bonheur autour de lui, quitte à se sacrifier lorsque la situation l'exige. L'évocation des événements troubles de son passé appellent des développements qui ne viendront probablement pas (4 tomes sur les 5 que compte la série sont parus à la rédaction de ces lignes).

Le professeur Shiina ensuite, jeune cadre dynamique au look atypique (cheveux longs, veste en cuir, lunettes noires lorsqu'il enfourche sa moto et foulard fashion qui énervent ses supérieurs) version bishônen. C'est le responsable du projet expérimental, et en tant que tel, il prend lui aussi ses quartiers dans le lycée où "042" officie désormais.
Faisant d'abord preuve d'un détachement aussi clinique que cynique envers son cobaye, il s'implique par la suite totalement et se lie d'amitié avec le détenu, perdant de ce fait toute objectivité. Mais c'est pas grave.

Nous avons enfin la jeune fille pure et innocente - prénommée Yume - qui voit Tajima Ryôhei "avec le cÅ?ur" puisqu'elle est aveugle. Ce personnage fait définitivement basculer le manga dans la guimauve : jeune, jolie, faible à cause de son handicap, mi-naïve mi-niaise et secrètement éprise du héros, le cocktail est chargé mais mille fois vu et revu.

Je l'avoue, ma férocité envers ce manga est en partie dictée par mes espérances déçues, car en achetant un seinen, j'espérais un traitement mature, surtout pour un sujet aussi lourd. Or tout se passe comme si la mangaka avait à cÅ?ur de dynamiter un à un tous les ingrédients potentiellement graves de son récit pour forcer l'histoire à rester dans l'anecdotique et le badin :
La condition de prisonnier est présentée de manière caricaturale (le détenu 042 nous apparaît pour la première fois alors qu'il est en cellule d'isolement, totalement entravé et obligé de ramper pour atteindre la nourriture que des gardiens -qui ne cachent pas leur dégoût- lui jettent sur le sol après l'avoir lavé au jet d'eau), la peine de mort ne semble pas vraiment remise en cause, le fait que l'expérience soit conduite dans un lycée ne semble pas choquer grand monde au sein de l'établissement et les protestations du public sont réglées à coup de génuflexions...

Les exemples de la superficialité de Détenu 042 abondent à tel point qu'il devient légitime de poser la question : pourquoi choisir un sujet si fort si c'est pour le torpiller systématiquement ?
Bref, un titre à éviter pour qui souhaite une lecture prenante et bien construite mais peut-être (?) satisfaisante pour les amateurs de romance sur toile de fond dramatique.

[clash]

Je vais ajouter ma pierre à l'édifice, déjà bien construit après les interventions fort intéressantes de Marcy et Kynoo.
Au passage, il faut noter que le tome 5 n'était pas sorti lors du commentaire de Kynoo, ce qui change considérablement certaines choses, notamment le positionnement de l'auteur sur le thème de la peine de mort (de même que quelques détails sur le passé du personnage principal, qui lui donnent des circonstances atténuantes -ce qui n'est pas essentiel à mon sens, enfin bon)

J'ai moi aussi abordé ce titre avec une très grande méfiance, craignant d'être en face d'une sorte de Death-Note like, prétendant aborder un sujet colossal, pour ne finalement en retirer que des éléments susceptibles d'alimenter un shonen de base (aditionné d'idées parfois scandaleuses, mais là n'est pas le sujet).

Or, il n'en a rien été. La lecture de Détenu 042 m'a ravie de bout en bout. Je trouve, au contraire de Kanyoo, que le sujet de la peine de mort et de la réinsertion est traité de manière exemplaire, intelligente, fine et sensible. Certains à-côtés de l'histoire sont par contre, certes, un peu caricaturaux et exagérés, mais ça ne nuit ni à l'intérêt du récit ni au développement du sujet principal.
Lorsqu'elle traite de la peine de mort, l'auteur met l'accent de manière nette sur l'émotif. Comment lui en tenir rigueur? Même si une approche plus détachée, réfléchie et rigoureuse serait plus instructive (utile? pertinente?), force est de constater que dans nos sociétés c'est bien l'émotif avant tout autre considération qui caractérise le plus souvent les positions de chacun et le traitement social, politique ou médiatique qui est fait du thème de la peine de mort. En ce sens, le parti pris de l'auteur sur ce thème me semble très réaliste et intelligent.

Certes, le caractère du personnage principal est peut-être exagéré, sa conversion radicale. Mais est-on vraiment en position de juger? Les derniers meurtres qu'il a commis ont eu lieu plusieurs années auparavant. Les années de détention dans des conditions extrêmes (exposées brièvement en début de manga) qu'il a subies ont peut-être modifié la donne (j'aurais tendance à dire dans le mauvais sens... mais bon). Le choc de se retrouver presque du jour au lendemain de retour dans la société après des années de cloisonnement peut être de nature à provoquer un choc énorme... Enfin, les meurtres commis par le Détenu 042 l'ont été dans un contexte bien précis, sur un ring, où les deux adversaires avaient comme but de tuer leur ennemi. Il n'est pas dit dans le manga que le condamné avait des pulsions meurtrières en-dehors de ce contexte... ce qui rend moins extravagant le fait qu'il parvienne rapidement à se contrôler.
De toute façon, pour moi, cette question n'est pas d'une importance extrême... L'auteur a choisi délibérément de décrire un individu qui se métamorphose de manière totale et devient "doux comme un agneau". C'est un paramètre du récit, pourquoi le contester? Bien sûr, tous les condamnés à mort n'évolueront pas de cette manière (et l'auteur le dit, en présentant deux autres types de condamnés: l'un a gardé toutes ses pulsions et récidive, l'autre ne récidive pas mais s'avère incapable de s'intégrer dans son nouvel environnement [tome 5]), mais en quoi la transformation de Tajima serait-elle invraisemblable ?

Maintenant, au sujet de la centration prioritaire du récit sur les relations entre personnages plutôt que sur les "sujets de société" que le thème de départ permettait, on ne peut pas dire le contraire. Ceux-ci sont tout-de-même abordés à de nombreuses reprises, présentés comme des annexes au récit (à travers les réactions du public, les diverses voies envisagées par les scientifiques, etc), mais ne sont jamais placées au centre. Rien, en effet, sur la remise en liberté totale d'un condamné avec sa bombe dans la tête, avec les problèmes éthiques que ça suppose.
Là encore, c'est un choix de l'auteur, qui n'est à mon sens pas du tout artificiel, car au cours des 5 tomes du manga, elle choisit de rester dans un cadre confiné, clos (les murs du Lycée), mettant en scène la 1ère phase de l'expérience. Or, cette première phase, c'est la réinsertion du sujet dans un cadre fermé, pour voir s'il est à même de s'adapter à ce monde-là, s'il est à même de nouer des relations "normales" avec d'autres êtres humains, tenant compte de son passif de tueur. Logique donc de rester concentré sur les relations entre personnages, plus précisément entre le détenu 042 et son entourage.
Pour moi, ce thème est tout aussi intéressant que le thème de la réinsertion totale du détenu, qui l'aurait montré libre dans la société, avec sa bombe dans la tête ! L'auteur n'est jamais passée à la phase deux de l'expérience, pour X ou Y raison, certes, mais ça ne gâche en rien cette oeuvre.

La tension dramatique, elle, reste intacte, puisque si le détenu s'est (relativement) mis à l'abri d'une mort immédiate en parvenant à contrôler ses émotions, de nombreux événements peuvent toujours conduire à l'arrêt de l'expéricence, et donc par voie de conséquence à son retour en prison puis à son exécution.
Soit dit en passant, la tension quant à l'issue du récit n'est clairement pas un artifice que l'auteur cherche à utiliser, au contraire même, puisque dès le premier tome (et à nouveau dans le tome 3, ou 4, je sais plus), elle cherche à enlever tout suspense en révélant cette issue.

Yume ("rêve" en japonais), la jeune fille aveugle et toute la guimauve qui l'accompagne, oui, bon... Mais cette métaphore si limpide n'est-elle finalement pas un ressort essentiel à l'émotion qui se dégage du récit? D'autre part, il faut être sévère pour réduire la rencontre entre ces deux "types" de prisonniers à un ramassis de déjà-vu... D'ailleurs la romance n'est de loin pas le trait majeur qui marque leur relation (dans le sens Tajima->Yume il n'y a pas d'amour, tout au plus de la tendresse; dans l'autre sens peut-être plus, mais combien de pages traitent de l'amour secret de Yume pour Tajima? Deux, trois? A peine. Et la fin de cet "aparté", dans le tome 5, est d'une sobriété exemplaire).

[clash]

Titre: Détenu 042
Auteur: KOTEGAWA Yua
Nombre de tomes: 5 (série achevée)
Edition en français: Kana (publication achevée en été 2007).
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Les gens mettent beaucoup de temps à changer, mais le temps, lui, passe inexorablement...