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[Celle que...] de Vanyda
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herbv
Modérateur


Inscrit le : 28 Août 2002
Localisation : Yvelines

Message Posté le : 25/04/08 19:09    Sujet du message: [Celle que...] de Vanyda Répondre en citant


Celle que je ne suis pas - Vanyda - Dargaud Benelux, 2008 - 14 â?¬

Valentine est une jeune adolescente de 14 ans plutôt timide et elle est en dernière année de collège. Entre études et amour, la vie commence à devenir de moins en moins insouciante : réussira-t-elle à passer au lycée et avoir son Brevet des collèges ? Félix va-t-il enfin la remarquer ? Heureusement quâ??il y a les copines, Julie, Yamina et Ã?milie, pour supporter lâ??ennui qui se développe petit à petit dans le cÅ?ur et lâ??esprit...

Celle que je ne suis pas est le premier tome de la trilogie "Celle que..." réalisée par Vanyda. Sur 192 pages, nous suivons la vie de tous les jours de Valentine, fille unique dâ??une mère divorcée. Câ??est ainsi que nous la voyons faire sa rentrée en troisième année de collège, étudier, sâ??amuser avec ses copines, faire des petites bêtises pour rigoler car lâ??ennui et le mal-être nâ??est jamais bien loin quand on est adolescente. Il sâ??agit donc dâ??une chronique plutôt intimiste où la lenteur du temps qui passe est tout particulièrement bien rendu.


(Cliquer sur l'image pour l'avoir en plus grand)

Le dessin est tout à fait typique de lâ??Å?uvre de Vanyda et on apprécie sa façon personnelle (et réussie) de représenter les personnages, son trait sâ??affinant de plus en plus, et ses décors, ceux-ci étant de plus en plus maîtrisés (les voitures commencent à ressembler à des vraies voitures). On regrettera quand même quelques textures un peu artificielles sâ??intégrant moyennement dans le dessin et un tramage, parfois un peu trop présent et souvent un peu plat, manquant de matière et de volume.

Le principal est dans le formidable talent de conteuse de lâ??auteure. A partir de petits riens, elle réussit à passionner ses lecteurs, à ne jamais les ennuyer, même si le premier chapitre est un peu problématique sur ce point. En effet, lâ??introduction des personnages est vraiment trop lente et les événements sont parfois mal amenés. Mais cela participe à la mise en place de lâ??atmosphère de lâ??histoire et permet un bon rendu de lâ??ennui ressenti par Valentine. Cependant, une fois passé cette difficulté, le rythme étant pris par le lecteur, les pages suivantes sont tout simplement passionnantes et la lecture se déroule sans heurt, jusquâ??à un cliffanger un peu artificiel mais donnant une envie irrépressible de lire la suite.

Par contre, il ne faut pas sâ??attendre à une mise en page, à un découpage typiquement manga, notamment shôjo, bien au contraire. On est tout à fait dans une bande dessinée franco-belge. La clarté est privilégiée aux effets visuels et la densité des cases est supérieure à ce qui se fait habituellement en manga. Pas de fonds perdu ou de cases accrochées ici ou là. Chaque planche, aux cases bien délimitées et aux décors bien présents, est une unité autonome, la dernière case venant conclure une scène. Ainsi, on nâ??est jamais perdu dans la lecture et les événements sâ??enchaînent de façon très fluide. Même si les dialogues sont nombreux, ils sont toujours bien gérés dans un souci de lisibilité maximum. Cette façon de faire est un exemple à suivre pour tout apprenti scénariste de bande dessinée. On peut aussi apprécier de nombreux cadrages faisant penser à la photographie et non pas au cinéma, ce qui éloigne un peu plus lâ??Å?uvre des mises en scène typiques du manga.


(Cliquer sur l'image pour l'avoir en plus grand)

Celle que je ne suis pas est sorti chez Dargaud Benelux (éditeur plus connu par son label manga Kana). On regrettera une fois de plus le travail assez médiocre de lâ??éditeur qui, à lâ??instar de ses mangas, démontre à nouveau son incapacité à maîtriser la chaîne de lâ??imprimerie. En effet, cette dernière tâche a été confiée à leur imprimeur Italien habituel qui nous a donc massacré les trames et sâ??est révélé une fois de plus incapable dâ??éviter les nombreux moirages qui parsèment quasiment toutes les pages. On ne parlera pas du papier, un peu trop limite en qualité, notamment à cause d'une trop grande tanslucidité, surtout pour un ouvrage à ce prix (14 euros).

Néanmoins, Dargaud Benelux réussit à nous proposer une Å?uvre tout à fait enthousiasmante, en ayant eu l'excellente idée de faire appel à Vanyda. Cette publication montre la volonté de lâ??éditeur de diversifier son public, comme lâ??a montré la création des collections "Sensei" et "Kiko" en plus de "Made in" où la série était dâ??ailleurs prévue à lâ??origine. Cependant, pensant réussir à toucher un public plus vaste que celui des fans de mangas "dâ??auteurs", c'est-à-dire très peu de monde, il a été décidé de sortir la trilogie en hors collection. Câ??est une décision qui semble judicieuse même si pour lâ??instant, le tome 1 de Celle que je ne suis pas se trouve cantonné au rayon des éditeurs dits "indépendants", ce qui nâ??est pas vraiment sa place. Cela pose dâ??ailleurs la question du public visé par ce type dâ??Å?uvre hybride, mélangeant les genres et les inspirations, du moins lorsquâ??il sâ??agit dâ??un éditeur grand public.



Qui va lire ce premier tome en dehors des fans de Vanyda ? Les collégiennes ? On peut en douter, vu le format, le prix, sans parler de lâ??histoire, bien trop quotidienne et développée sur un rythme lent, sans belle princesse et preux bishônen, comme on peut en voir dans les shôjo que lit Yamina. Les lecteurs de bandes dessinées "indépendantes" ? La couverture et le sujet risque dâ??en faire fuir un certain nombre, même sâ??ils sont habitués au logo Dargaud avec la collection "Poisson pilote". Les fans de 48CC (48 pages en couleur à reliure cartonnée, le format "classique" de la bande dessinée franco belge) passeront à coup sûr leur chemin, vu le peu dâ??aventure proposé tout au long des 192 pages du présent volume. Pareil avec les fans masculins de mangas, dâ??autant plus que cela se lit de gauche à droite, il nâ??y a pas de beaux dessins bien "classieux" avec des héros poseurs. Les "amatrices" de mangas, jeunes ou un peu moins jeunes, pourraient y trouver un intérêt certain en pouvant se reconnaître dans telle ou telle fille de Celle que je ne suis pas. Malheureusement, auront-elles la curiosité dâ??aller à la découverte ? On peut craindre que ce ne sera pas le cas pour une grande majorité. La réussite commerciale de lâ??hybridation manga- franco-belge n'est peut-être pas encore pour demain. Mais que cela ne soit pas un frein pour aller acheter la dernière Å?uvre de Vanyda, elle le vaut bien...
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Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair
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Manuka
Mangaversien·ne


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Message Posté le : 25/04/08 22:16    Sujet du message: Re: [Celle que...] de Vanyda Répondre en citant

-- Hors-sujet on --

Faut vraiment que tu arrètes de parler de Cliffanger Choqué .

Parce qu'à chaque fois je revois Stallone. Et ça fait bizarre d'imaginer Sylvester et Valentine réunis dans l'univers de Vanyda.

-- Hors-sujet off --
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Bp
Mangaversien·ne


Inscrit le : 08 Mai 2003
Localisation : Sur la Drina

Message Posté le : 26/04/08 11:25    Sujet du message: Répondre en citant

Herbv a écrit:
Par contre, il ne faut pas sâ??attendre à une mise en page, à un découpage typiquement manga, notamment shôjo, bien au contraire. On est tout à fait dans une bande dessinée franco-belge.


A tort où à raison, le dessin et le découpage m'ont beaucoup fait penser à Kiriko Nananan.

Bon sinon, tu as raison de râler sur l'édition de Dargaud, franchement perfectible et qui se permet en plus de laisser passer un certain nombre de coquilles orthographiques. Inacceptable, surtout à ce prix.

Je reviendrai sur le bouquin en lui-même plus tard. Malgré quelques réserves, j'ai beaucoup aimé, notamment l'âpreté de ton sous-jacente au récit adolescent.
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ALLIANCE, n. In international politics, the union of two thieves with hands so deeply inserted in each others pockets that they cannot separately plunder a third.

Ambrose Bierce
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Vanyda
Mangaversien·ne


Inscrit le : 24 Mai 2006
Localisation : Lille

Message Posté le : 29/04/08 13:39    Sujet du message: Répondre en citant

Petit élément de début de réponse à la question que se pose Herbv sur "qui achète ma BD" ?
Pour l'instant étrangement, j'ai eu beaucoup de retour de jeunes hommes (entre 17 et 35 ans) qui ont bien apprécié, voire adoré ! ^___^
J'ai aussi eu, en festival, beaucoup de papa qui achètent pour leur filles (mais le public de dédicaces bd étant majoritairement des hommes de 25 /40 ans... ceci explique sans doute cela)

Sinon merci Bp pour la comparaison avec Kiriko Nananan ! Sourire
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shun
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Inscrit le : 01 Sept 2002
Localisation : charleroi la ville noir

Message Posté le : 29/04/08 14:52    Sujet du message: Répondre en citant

tu aurais du faire un héros alors, plutôt qu'une héroine ^^
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Bp
Mangaversien·ne


Inscrit le : 08 Mai 2003
Localisation : Sur la Drina

Message Posté le : 05/05/08 22:47    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, allez, je prends le clavier pour donner mon avis sur ce livre, mes révisions commençant à me sortir par tous les trous de nez. #Icecream

J'ai, comme dit précédemment, beaucoup apprécié l'introduction de cette trilogie, que j'ai trouvée dense et bien écrite. Il y a beaucoup de tendresse mais assez d'intelligence et de lucidité pour l'opposer à la cruauté et à la banalité du quotidien, ce qui en fait une lecture très âpre, loin de la quête de soi colorée et fantaisiste de l'Année du dragon et même des tranches de vie tantôt lumineuses tantôt douces-amères de l'Immeuble en face.
Le dessin a énormément progressé et les planches sont vraiment belles et fourmillent de petites détails qui les rendent très agréables. Il y a une vraie densité dans le dessin, qui, couplée à un talent indéniable pour le "cadrage", me fait penser à une variation soft du coup de crayon de Kiriko Nananan dans Blue. Je veux dire par là qu'il y a une multiplication des angles de vue, sans que ceux-ci ne soient, comme chez Nananan, le moteur principal de la narration; ils servent efficacement le récit, mais comme le bouquin est bavard, on atteint un juste milieu entre une mise en cases contemplative et un parti pris plus énergique.

Bref, le rythme est juste comme il faut, sachant glisser avec bonheur de la frénésie de la vie sociale de Valentine (collège, fêtes) à l'inertie de sa vie en dehors de son cercle d'amies. Les planches proposées par Herbv résument d'ailleurs très bien ce que j'essaye de dire.

Sur la forme, je suis donc très enthousiaste.

Sur le fond, cependant, j'ai plus de réserves. Comme je l'ai déjà dit, j'ai beaucoup apprécié la justesse de ton de l'histoire, le côté très terre à terre de l'intrigue et des dialogues (même si le langage "djeunz" peut être lourd à la longue).
J'ai par contre été beaucoup moins enthousiasmé par le traitement du personnage de Valentine. Si j'avais dû donner un titre à ce premier tome, cela aurait été "Celle qui n'existe pas". Le problème principal étant qu'on ne parvient pas du tout à ressentir les prémisses de ce qu'elle sera probablement par la suite; elle suit ses copines et leurs délires parfois malsains de sourires qui nous apparaissent francs, mais on la voit mélancolique par la suite, sans que l'on sache réellement ce qui la gène. On n'a pas l'impression que quelque chose se cache sous sa carapace d'indifférence. C'est comme si sa personnalité n'en était pas vraiment une et du coup, je trouve que le livre manque à remplir à fond son potentiel, ne sachant pas convertir le mal-être de l'héroïne en quelque chose de palpable.
Et évidemment, l'empathie que l'on éprouve pour elle en prend un sacré coup.

Cela ne m'a pas empêché de prendre un grand plaisir à la lecture, mais j'ai eu comme un sentiment d'inachevé, parce qu'il y a trop de pages consacrées à Valentine qui ne disent rien et j'ai peur que les choses auxquelles elle aspirera par la suite ne tombent comme un cheveu sur la soupe.
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Laotzi
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Inscrit le : 07 Jan 2003
Localisation : Paris

Message Posté le : 05/05/08 23:13    Sujet du message: Répondre en citant

Je profite du message de Bp pour rebondir dessus et, enfin, donner mon (très court) avis sur lâ??Å?uvre. Globalement, je partage tout à fait le développement de Bp, et il a même su mettre des mots sur ce qui me gênait le plus au niveau du fond (le personnage de Valentine qui nous échappe).

Jâ??ai aussi beaucoup aimé ce premier tome, malgré cette réserve qui fait que lâ??on se demande, tout de même, si lâ??on parvient à sâ??extraire de lâ??anecdotique. Pour le dire autrement, il nâ??y a pas de véritable mise en intrigue, car lâ??on suit seulement lâ??année scolaire dâ??une collégienne de troisième parfaitement banale, à qui il nâ??arrive strictement rien dâ??extraordinaire et qui se comporte comme une collégienne lambda, dans un environnement quotidien. Cela signifie quâ??il nâ??y a aucune dramatisation â?? au sens théâtral â?? des évènements. Ceux-ci se déroulent dans la vie des protagonistes, et devant les yeux du lecteur, sans sembler être mis en scène, sans effet de zoom. Câ??est à la fois la grande force de lâ??Å?uvre, mais cela peut aussi, en même temps, être une faiblesse. En effet, cela renforce très grandement le côté réaliste et lâ??immersion du lecteur, qui a vraiment lâ??impression de suivre une jeune fille dans sa vie quotidienne de collégienne tout à fait banale, à travers les actes et les événements les plus courants. Cependant, le risque est que le lecteur peut aussi en venir à se demander si le récit parvient à faire sens. Je nâ??arrive pas encore à trancher pour savoir si cette vie quotidienne, banale, de collégiennes qui nous est contée parvient à sâ??extraire, justement, de cette banalité pour faire sens. On rejoint là un peu la réserve émise sur le personnage de Valentine, qui reste tout de même, pour moi, assez touchant par moment, mais qui reste encore trop « vide », même si je serais peut-être un peu moins dur que Bp sur ce point car le personnage me semble quand même prendre un peu dâ??ampleur au fil des chapitres (le premier est très faible sur ce point et cela sâ??améliore ensuite, même si le personnage reste encore difficilement saisissable).

Sinon, juste pour faire mon chieur car ce sont des pinaillages sur de simples détails : on ne fait pas de dissertation au collège, câ??est un exercice qui ne se pratique quâ??à partir du lycée (et parfois même seulement à partir de la classe de première). De plus, un prof dâ??histoire ne fait pas cours en lisant son manuel (!) devant ses élèves impassibles (!), câ??est une situation totalement irréaliste. Enfin, plus globalement, si lâ??atmosphère du collège me semble très bien retranscrit, et, au-delà de ces deux infimes détails, très réaliste, on voit néanmoins que lâ??on a affaire à un établissement de type « centre-ville » (ce qui nâ??est pas une critique, juste un constat). Dâ??une manière générale, on ne peut quâ??être bluffé par le talent de Vanyda à observer et à retranscrire lâ??atmosphère, les attitudes, les sentiments de la vie quotidienne, et en particulier, ici, dans un collège.

Bref, pas le temps (ni le courage) de développer davantage alors quâ??il y aurait certainement plein dâ??autres choses à dire. Ah si, je trouve le prix scandaleusement élevé (14 euros) pour un ouvrage en noir et blanc de moins de 200 pages. Que cela ne vous empêche pas dâ??essayer, au moins de le lire, car câ??est une lecture vraiment très agréable, en raison de sa narration très particulière, très douce, très tendre, mais aussi très lucide.
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"Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. (...) Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse." Victor Hugo, Napoléon Le Petit.
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Minh
Mangaversien·ne


Inscrit le : 20 Jan 2005

Message Posté le : 06/05/08 00:41    Sujet du message: Répondre en citant

Bp a écrit:
Il y a une vraie densité dans le dessin, qui, couplée à un talent indéniable pour le "cadrage", me fait penser à une variation soft du coup de crayon de Kiriko Nananan dans Blue. Je veux dire par là qu'il y a une multiplication des angles de vue, sans que ceux-ci ne soient, comme chez Nananan, le moteur principal de la narration


Je sais bien que si Bp (qui retranscrit à merveille ma propre incapacité à concentrer mes neurones sur autre chose que du superfétatoire spongieux, voire même, sur rien tout court) a pris le soin de préciser cadrage (avec guillemets, pour contrer les plus bornés), ce n'est pas uniquement par raffinement, c'est aussi pour éviter les remarques très constructives, telles que celle qui va effrontément suivre (avec toutes ces précautions, on est prévenu).
Le fait est que malgré une part indéniable contenue dans le style de Vanyda, il y a tout de même ces cases inspirées type franco-belge comme le souligne Herbv, et ce trait manquant d'épureté (amis de Denis, flagellez-moi, je le mérite) qui l'en démarque.
Mon intention - malgré les apparences pachydermiquement trompeuses - n'est pas de reprocher à Vanyda de ne pas être Kiriko Nananan, ni de lui offrir des conseils éclairés (avec une ampoule grillée) pour comment qu'il faut faire pour taire jusqu'aux réfractaires. Mais comme je l'ai présomptueusement radoté, je trouve (chameaux, chamelles, tout ça reste personnel) que les trames sont des rustres qui chamboulent un trait fin et subtile (et de fait, Nananan ne fait qu'un usage spartiate des trames, voire des ombres comme dans "Candy no Iro wa Aka" Red is the color of a candy). Fin de la minute remarque pas constructive pour un sesterce Moqueur

Néanmoins comme écrit précédemment, Vanyda a une réelle faculté pour beurrer des petites biscottes de la vie quotidienne ; avec une apparente facilité, elle capture d'un filet à papillons des instants fugaces pour ensuite les relâcher bruts de décoffrage dans une boîte Tupperware. A la lecture de Celle que je ne suis pas, en ressort cette impression quâ??elle ne sâ??est occupée que de coller ces instants de façon réfléchie dans un cahier.
Jâ??ai retrouvé pas mal dâ??éléments de mes propres années de collège, entre le grillage contre lequel on sâ??agrippe, lâ??emploi du temps magnétisé au frigo, la télévision au goûter, lâ??agenda customizé force kitsch ou bien les petites crises dâ??autorité/je mâ??en foutiste face à lâ??hégémonie professorale, sans oublier les boums et la traque du bien aimé (beaucoup de souvenirs ont mystérieusement disparu de ma conscience)â?¦ Et que dire du monumental moment à la cantine, où lâ??on retourne frénétiquement les verres pour désigner le larron qui ira chercher lâ??eau à la source !
J'ignore si lâ??introduction des personnages est réellement trop lente ; il mâ??a semblé que le moment où lâ??on commence à adhérer à lâ??histoire bien plus quâ??au monde diégétique en lui-même se situe effectivement à la centaine de pages passée, et peut-être cette difficulté est-elle issue du fait que lâ??héroïne dont on suit les pas est assez taciturne et silencieuse.

Mais ce collage sâ??avère être également un problème passager car comme le dit Laotzi, il finit par interroger : je ne dévalorise pas ce terrible talent pour brosser un tableau réaliste, mais jâ??ai envie de rapprocher la Vanyda de Celle que je ne suis pas de certains Jane Austen (Sense & Sensibility sâ??il sâ??en faut). Les manières, les caractères et lâ??époque sont rapportés dâ??une main délicate et très exacte, souvent teintés dâ??un arôme dâ??ironie.
La question du fond ne peut s'empêcher d'être soulevée quand on se tourne vers Valentine, non de fond en comble, mais un fond partiel ; les moments comme le trip cosmique romantique de la jeune collégienne entortillée dans sa couette se font pas mal la malle, et du coup lâ??envie nous vient de vouloir trépaner Valentine. Non pas quâ??elle nous exaspère, mais plutôt quâ??ouvrir son crâne sâ??impose si lâ??on veut penser sérieusement à nouer un lien affectif avec elle, ses pensées trop obscures au fil de la lecture. Lecture au demeurant très agréable, mais dont le partiel manque dâ??empathie avec le personnage principal a quelque peu limité mon engouement (les « couples » de Lâ??immeuble dâ??en face avaient contribué, comme dans beaucoup dâ??historiettes et de grandes fresques, à faire de moi une vigoureuse fanette). Je rejoins donc lâ??avis de mes camarades sur cet énigmatique premier tome !

Mais qu'on ne s'y trompe pas : plus un titre interpelle, plus on éprouve cette manie de désincruster les pores et de décortiquer la crevette. C'est donc parce que l'Å?uvre de Vanyda, telle la gazelle à front roux aux JO animaliers, déploie un sacré potentiel que l'on se montre exigeant Clin d'oeil
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moudidoung
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Inscrit le : 24 Oct 2005
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Message Posté le : 06/05/08 12:04    Sujet du message: Répondre en citant

Je me vois mal parler de trames, de cadrage ou de tout ça, mais au niveau de la représentation de Valentine, j'ai l'impression que c'est exactement ce qui fait, dans le fond, que ce n'est pas un shôjo manga. J'ai beau réfléchir, je ne trouve pas de shôjo qui ne laisse pas l'occasion à son héroïne d'expliciter ses sentiments, par la pensée, par des monologues (un peu artificiels) ou en discutant avec quelqu'un. J'ai repris mon tome de Blue pour comparer, puisque l'on cite toujours Nananan, et j'ai remarqué les pages 134-135, ou 175 à 177 ; plus ça passe, plus les sentiments s'affirment et sont exprimés.
Dans Celle que je ne suis pas, Valentine n'est pas un monolithe, on voit ses regards vers Félix (et la mise en page suit, comme ces cases tramées dont ressortent les visages des deux amoureux), on la voit rougir, on voit ses rêves (les moments où on entre vraiment dans son intimité), etc. Mais elle reste "muette", pour ainsi dire...
Ben moi, je trouve qu'on n'a pas besoin qu'elle parle. Vanyda a pris le parti de décrire des faits banals, elle va jusqu'au bout de sa démarche avec une héroïne banale qui a pourtant énormément dans la caboche, mais qui ne part pas dans des trips discutatoires impossibles à la furuba. Alors certes, c'est une "faiblesse" dans le sens que ça va pas forcément plaire (par exemple on n'a pas d'introduction à la "bonjour je m'appelle Tohru Honda et je pète la forme : D mais ma maman est morte :' ("), mais pour autant, je ne suis pas d'accord pour dire que le livre manque à "convertir le mal-être de l'héroïne en quelque chose de palpable" (Bp).
L'avantage de la suggestion constante des sentiments de l'héroïne, c'est qu'on en découvre pas mal à la deuxième lecture. En ce qui concerne son amour pour Félix, je crois que c'est assez clair, mais à la deuxième lecture, ça m'a paru carrément secondaire par rapport à sa relation avec Emilie, et sa jalousie contenue. Regardez la page 48, si c'est pas du "palpable", cette manière insistante de regarder Emilie, et puis ce départ précipité, en fin de chapitre... et un sms tout con, p.49, qui semble tout dédramatiser.
C'est un choix très courageux de la part de Vanyda, de faire paraître tout ce qu'il y a de superficiel et de vain dans une vie de collégienne, tout en dévoilant subtilement les blessures cachées. Dès le haut de la page 10, on sent que y'a quelque chose qui ne va pas entre Emilie et Valentine, et pourtant je l'avais pas vu à la première lecture, c'est pourquoi je ne suis pas d'accord avec Herbv sur le premier chapitre.

Et puis j'aime beaucoup les pages un peu "gratuites", à la "immeuble d'en face", comme la page de gymnastique p. 27, ou la coiffure p.50. On y retrouve Valentine seule, elle prend enfin toute l'attention...

Et sinon, d'accord avec Minh et Laotzi sur les petits détails qui nous parlent trop ^^ (c'est bien quelque chose qui manque dans les mangas pour ados : on n'a jamais vécu leur adolescence dans leur collège...)


En tout cas, je crois que ce premier est effectivement un premier tome, il est clair qu'il a été pensé pour annoncer les deux tomes suivants, que j'attends avec une grande impatience !! (en attendant, je vais le prêter à ma petite soeur qui est une totale Valentine en ce moment "^^)
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cosmos
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Message Posté le : 13/05/08 11:56    Sujet du message: Répondre en citant

Alors la rumeur est donc vraie, des fois sur Mangaverse on parle encore de la consistance des personnages au lieu de celle du papier, du fond de l'histoire et non des fonds perdus, des impressions de lectures à défaut des impressions ratées...

Bp a écrit:
J'ai par contre été beaucoup moins enthousiasmé par le traitement du personnage de Valentine. Si j'avais dû donner un titre à ce premier tome, cela aurait été "Celle qui n'existe pas". Le problème principal étant qu'on ne parvient pas du tout à ressentir les prémisses de ce qu'elle sera probablement par la suite; elle suit ses copines et leurs délires parfois malsains de sourires qui nous apparaissent francs, mais on la voit mélancolique par la suite, sans que l'on sache réellement ce qui la gène. On n'a pas l'impression que quelque chose se cache sous sa carapace d'indifférence. C'est comme si sa personnalité n'en était pas vraiment une et du coup, je trouve que le livre manque à remplir à fond son potentiel, ne sachant pas convertir le mal-être de l'héroïne en quelque chose de palpable.
Et évidemment, l'empathie que l'on éprouve pour elle en prend un sacré coup.

Je suis à la fois d'accord et pas d'accord. Pour moi le fait de ne pas savoir ce qui la gêne réellement fait partie intégrante de son mal-être. Je veux dire que Valentine doit être la première à réaliser que quelque chose ne pas va pas chez elle, mais que personne n'est pour l'instant capable de mettre le doigt dessus, que ce soit elle ou son entourage. Que le malaise, c'est justement le vide, le flou, l'absence d'éléments tangibles auxquels se raccrocher pour comprendre ce qui se passe ou ressentir de l'empathie. Certes il y a par exemple les mauvaises notes ou son incapacité à se déclarer auprès de Félix tout en se faisant des gros films, mais il est difficile de savoir à quel point ils sont cause ou conséquence.

C'est en tout as comme ça que je l'ai perçu, mais le titre du 2e tome (Celle que je voudrais être) me laisse vraiment penser que c'est dans celui-ci qu'elle en saura plus sur ce malaise, et donc nous aussi.

Bon sinon j'ai bien aimé mais pour des raisons déjà dites précédemment donc~ (et puis les personnages regardent Daria ! mais lisent Hot Gimmick, pff...).
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Glo
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Localisation : Partout

Message Posté le : 20/05/08 18:35    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ma première intervention sur mangaverse, je vais aller dans le même sens que moudidoung. Je trouve que Valentine n'a pas besoin de s'exprimer pour exister, il y a déjà beaucoup de choses qui passent par ses silences (quitte à prendre le temps d'une deuxième lecture). De toute façon, la faire s'exprimer plus nécessiterait de modifier le personnage, et par ailleurs, il n'est pas rare que les personnalités les plus affirmées soient aussi les plus superficielles. Y a-t-il vraiment moins de personnalité dans quelqu'un qui se cherche que dans quelqu'un qui a trouvé dans quel moule se fondre ? On pourrait être gêné par le fait que le personnage principal reste si distant, ce serait sans doute plus agréable qu'il soit plus proche, plus attachant, mais généralement on y perd en profondeur.

Il y a une raison plus personnelle pour laquelle le mutisme de Valentine ne me gêne pas : si j'ai un point commun avec elle, c'est bien le fait que mes profs entendait rarement le son de ma voix, le reste ne ressemble pas trop à ce que j'ai vécu (sauf la corvée des dissert', et peut-être la chute). D'ailleurs, faut-il reconnaître son propre groupe de copains/copines, ou bien voit-on de l'intérieur un autre groupe, celui qui était assis à l'autre bout de la classe et qu'on appréciait pas tellement ? Le fait de garder une certaine distance entre Valentine et le lecteur permet justement cette double lecture.

Enfin, je ne suis pas gêné non plus par le manque d'intrigue ou de dramatisation. Je trouve que l'air de rien, il se passe déjà beaucoup de choses. Au cinéma, on a pu voir des réalisateurs comme Ozu multiplier les chef-doeuvres avec des intrigues minimalistes (pour prendre un exemple plus recent on peut citer « still life » de Jia Zhang Ke); on y est moins habitué en bande dessinée, mais ça ne me semble pas un problème. (Je précise qu'il n'est pas dans mon attention de comparer « celle que » à Ozu. D'ailleurs il ne vaut mieux pas parce que ça ne tiendrait pas la comparaison, mais de toute façon en parlant d'Ozu on place la barre très haut, à une hauteur himalayenne, il n'y a pas de honte à ne pas atteindre ces sommets.)
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sushikouli
Mangaversien·ne


Inscrit le : 29 Oct 2003

Message Posté le : 21/06/08 06:17    Sujet du message: Répondre en citant

Bon... Difficile de passer après tous ces avis que je rejoins partiellement à chaque fois.

Mais juste une question : je suis le seul à trouver les personnages complètement têtes à claques ? (à l'exception de Yamina)
_________________
Entre ce que je pense, je veux dire, je crois dire, je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins 9 raisons de ne pas se comprendre.
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A-Xiang
Mangaversien·ne


Inscrit le : 11 Nov 2007

Message Posté le : 27/07/08 20:48    Sujet du message: Répondre en citant

sushikouli a écrit:
Mais juste une question : je suis le seul à trouver les personnages complètement têtes à claques ? (à l'exception de Yamina)


Pas de soucis, je les trouve assez irritants moi aussi!!! Mais ce sont les ados, non Moqueur Bref, j'ai découvert avec ce tome le talent de Vanyda et je n'attends qu'une chose : le suivant!!! Flèche
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shun
Mangaversien·ne


Inscrit le : 01 Sept 2002
Localisation : charleroi la ville noir

Message Posté le : 27/07/08 21:06    Sujet du message: Répondre en citant

je te conseil alors le titre "l'immeuble d'en face" qui est pour l'instant sa meilleur oeuvre.

celle que... : pour l'instant j'attends, le premier tome ne m'emballe pas plus que ça, les personnages ne sont pas aussi attachants que dans ces autres titres.
on pourra dire que c'est parce que ce sont des ados mais j'ai un doute, j'accroche bien d'habitude au histoire d'ados.
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A-Xiang
Mangaversien·ne


Inscrit le : 11 Nov 2007

Message Posté le : 28/07/08 21:54    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, merci pour le conseil!!!

En fait, c'est un titre que j'attends que l'on me prête... Cool
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